mercredi 10 septembre 2008

Les riches sont des feignants

Parmi les préjugés conservateurs les plus répandus, on trouve cette idée saugrenue selon laquelle les pauvres, et plus précisemment les chômeurs, seraient de sombres paresseux qui profiteraient des allocations sociales au soleil.

Ce genre de fadaise est intéressante à plus d'un titre. On peut en particulier s'étonner de la voir prononcée régulièrement par des personnes ayant par ailleurs tous les gages d'une éducation de qualité. Pierre Bourdieu avait coutume de remarquer que les individus se comportaient régulièrement dans un sens favorable à leurs intérêts, fut-ce inconsciemment. Dans notre cas, quel intérêt plus pressant pour une personne de catégorie sociale supérieure que de légitimer sa position et se dédouaner ainsi de toute culpabilité vis à vis des moins favorisés ? La grille d'analyse de l'intérêt particulier se prête particulièrement bien à cette situation, et conduit par exemple aux jugements de valeur associés, en particulier celui de la valeur travail. Curieuse coincidence en effet que ceux qui la revendiquent aient tout intérêt à le faire compte tenu de leur activité (responsabilités, rarement un emploi à la chaine) et de leur situation sociale (hauts revenus contre horaires soutenus).

Il y a par ailleurs dans cette affirmation une certaine forme de fanfaronade à valeur morale, du "moi, contrairement aux autres, je", qui n'a pas grand chose à voir avec les principes élémentaires de l'économie. On devrait pourtant se méfier de toute déclaration de ce type, consistant à preter à d'autres un comportement qu'en aucun cas on ne preterait à soi-même. Pourquoi une catégorie particulière de la population, en l'occurence les chomeurs, seraient pourvus d'un sens moral défaillant qui en justifierait même leur situation ? Il faut croire que certains ne se contentent pas d'avoir, ils veulent aussi le mérite de leur situation. Chiche.



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