samedi 29 décembre 2007

dimanche 23 décembre 2007

Les limites de la prise de notes

Connaissez-vous ce médiatique philosophe "de gauche" aux idées de droite, reconnaissable à ses prises de notes en toutes circonstances ? Samedi 22 décembre, réveil fatal sur France Culture et voilà notre besogneux hystrion emporté comme il se doit dans une diatribe qui se révèlera des plus étonnantes : "Il peut y avoir un réveil un peu difficile, c'est à dire, on a voté pour le discours de Gaino (sic), on a aujourd'hui le rire sanctifié de Bigard. On a voté pour la République et on assiste malgré tout à quelque-chose qui s'apparente à la grimaldisation de la République, et je me demande si Sarkozy n'est pas le premier président de la société post-culturelle, et là je ne pense pas que 68 peut s'exhonérer de toute responsabilité, parce que le sur-moi culturel, 68 a voulu le jeter aux horties mais le résultat c'est qu'on peut s'afficher tranquillement à Eurodisney sans complexe. C'est intéressant parce que avant, quand la culture jouait le rôle d'un sur-moi, on s'inclinait, de manière un peu hypocrite(re-sic) mais on s'inclinait. Maintenant Sarkozy dit je n'en ai plus rien à faire la star ac et Eurodisney c'est mon univers, je n'ai pas à me justifier parce qu'en effet nous sommes entrés dans une socité post-culturelle". Daniel Cohn Bendit : "Donc si j'ai bien compris, 68 est reponsable de Sarkozy" Réponse : "68 n'est pas responsable de Sarkozy, mais 68 a joué un rôle dans la déconstruction de la culture ..." puis changement de sujet.

Passé le rire - une critique de M. Sarkozy dans Répliques, qui l'eut cru ? - on ne peut que penser à un sketch tant l'obstination du philosophe à buter sur ses limites - mai 68, plus souvent la judéité - en lieu et place d'une analyse socio-historique le confine systématiquement à heurter vitres et miroirs, même les plus opaques. En l'occurence, attribuer à un évènement passé depuis quarante ans la personnalité d'un homme - aussi ridicule soit-il - qui se trouve avoir bâti sa vie/carrière contre tout ce que mai 68 a pu représenter a de quoi léger songeur. Refuser à ce point de voir en mai 68 un simple évènement, symptomatique d'un décrochage entre la société et ses institutions, apparu bien avant 1968 et devenu au fils des ans intolérable au point d'aboutir à cette cassure de l'histoire, refuser de comprendre ces revendications comme relatives à la société de 1967 et non à celle 2007 - et encore moins comme absolues, refuser de voir que l'on trouve M. Sarkozy inculte et vulgaire en 2007 pour la même raison que l'on trouvait le Général de Gaulle guindé en 1967, à savoir parce que c'est vrai, parce que les sociétés évoluent dans un sens ou un autre en se corrigeant, c'est pour un philosophe faire preuve de bien peu de clairvoyance.

Mais voilà, M. Finkielkraut invite Daniel Cohn Bendit - en quoi un simple acteur d'un évènement social serait-il légitime pour en analyser causes et ressorts, nous ne le saurons pas - et M. Gaino, critique les slogans d'étudiants comme des textes de philosophie et butte une fois de plus sur la grande vitre qu'il s'est construite lui-même, la tête dans ses notes, le stylo à la main.


vendredi 21 décembre 2007

jeudi 20 décembre 2007

Amy

Une plume, une fer à cheval rouge, une fille aux seins nus, une ancre, une pochette de chemise, une brune en minishort et talons hauts, un oiseau chanteur, une nymphe cachée derrière un éventail ; quelques verres de whisky, lignes, coups et cicatrices ; une voix ; une femme.


lundi 17 décembre 2007

Déplacements simultanés

Des images et des sons,
Bruissements feutrés d'un monde qui dérive
lentement, porté par quelque idéal oublié
Et dehors les ombres, en rang transportées
sans fin vers l'inexistence

Smeared out face


Smeared out face
Originally uploaded by Ndesh
By Mr NDesh himself

dimanche 9 décembre 2007

We own the night, James Gray


Heureuse nouvelle, il est encore possible d'être surpris par un film policier en 2007. Nous le devons à un réalisateur qui sait prendre son temps. Little Odessa en 1995, The Yards en 2000 et maintenant We own the night, l'oeuvre de James Gray pourrait souffrir de la facilité qu'elle procure aux critiques de l'assimiler et de se démarquer, d'autant que les sujets traités - le crime, la mafia - ouvrent ses films à un public large et qu'il devient d'autant plus impérieux - semble-t-il - de se distinguer.

Cette nuit nous appartient mérite largement de dépasser cette aversion bienvenue pour les "j'avais préféré son premier film" et autres "j'adore James Gray" de service. Il s'agit tout simplement d'un des meilleurs films de cette année, d'autant plus appréciable qu'inattendu.

Dans le New York des années 80, Bobby Joaquin Phoenix Green est le roi de la nuit. Adoubé par son patron russe, il gère la boite de nuit la plus côtée de Brooklyn, sort avec la fille la plus côtée de Brooklyn (Eva Mendes), a la gueule la plus côtée de Brooklyn. Derrière cette réussite se cache le secret d'une famille de policiers, consacrée par un père devenu légende et par un frère en pleine ascension.

Sur une trame des plus classiques, shakespirienne a-t-on pu lire, James Gray va nous offrir quelques scènes d'une intensité rarement égalée : une visite de laboratoire clandestin de cocaïne étouffante au possible, une poursuite en voiture sous une pluie torrentielle, plusieurs scènes de nuit mémorables, le tout admirablement servi par des acteurs irréprochables, de l'épatant Joaquin Phoenix jusqu'aux seconds rôles. La relation père-fils (namedropping du jour : Robert Duvall, par ailleurs excellent) de la famille Grunsinsky fonctionne tout autant, et que dire d'Eva Mendes, habituée aux willsmitheries en tout genre et qui se retrouve là magnifiée par un rôle qui lui colle à la peau comme une robe moulante satinée.

Deux heures de cinéma brut.

dimanche 2 décembre 2007

Get Out Destiny Or Circumstance !


Destiny Or Circumstance !
Originally uploaded by G.Hjöll

Design contre design, deux siècles de création

Les Galeries nationales du Grand Palais accueillent jusqu'au 9 janvier une exposition consacrée au design "de la révolution industrielle à nos jours". Face à cette ambition annoncée, dépourvue par ailleurs d'une véritable cohésion thématique, on pouvait craindre une certaine dispersion, plus guidée par la disponilibité des oeuvres que par un véritable fil conducteur.

L'exposition regroupe essentiellement des pièces de mobilier, certaines anecdotiques, d'autres étonnantes, quelques-unes survalorisées par la notoriété de leur créateur (Stark, Gehry, etc.) Au milieu de cette vaste brocante de luxe, quelques trouvailles se font leur place : un étrange fauteuil rouge aux jeux de courbes harmonieux, une table basse aux formes florales accompagnée d'un tapis représentant son ombre projetée, un siège-femme des plus provocateurs, etc.

On ressort de cette petite exposition l'estomac léger, satisfait d'avoir pû picorer ça et là quelques oeuvres mais presqu'un peu déçu du peu de créativité de l'ensemble. L'occasion de profiter des billets jumelés du Grand Palais et de poursuivre avec l'exposition attenante consacrée à Gustave Courbet.

vendredi 30 novembre 2007

Tiara girl


my little tiara. day 326
Originally uploaded by TeeRish

La vie mentie, Michel del Castillo

"Dans cette normalité raisonnable, je me sens étouffer"

Autant le reconnaître, le nom de Michel del Castillo m'était étranger avant que l'on m'offre ce livre le mois dernier. C'est donc dans l'inconnu que j'entamais la lecture de cette Vie Mentie, conforté cependant par l'affection que l'on porte à un cadeau offert par un proche.

Le roman commence en Espagne au début du XXème siècle, période pré-guerre civile marquée par la dictature de Primo de Rivera qui mis à genou le pays de 1923 à 1930. C'était une époque riche, rougeoyante, humble de condition et fière dans l'idée quelle se faisait de l'Homme. Une époque où l'on trouvait encore de ces hommes et femmes pour lesquels le combat politique avait un sens, un souffle, une grandeur et une aspiration. Parmi eux, Miguel de Unamuno, recteur de l'université de Salamanque condamné à l'exil pendant la dictature avant d'effecter un retour acclamé une fois le république restaurée. Parmi ses fervents admirateurs se trouve être le grand-père du narrateur, jeune universitaire talentueux qui finira fusillé dans la fleur de l'âge.

Deux générations plus tard, nous sommes en 2007 et Salvador Portal occupe un poste important dans une agence de communication reconnue. Riche - ce qui à notre époque semble tout justifier, dénué de toute interrogation de légimité sur le confort de son existence, en proie à de vagues torpeurs faussement morales qui n'abusent que lui. Portrait inversé de son grand-père, il nourrit à l'égard de son père une condescendance génée et le décrète lisse et sans personnalité, traits de caractère ayant ironiquement valeur de qualité quand on voit par qui ils sont reprochés.

Au fil de l'histoire, le narrateur va renouer avec le passé de sa famille, avec cette Espagne solaire qu'il n'a pas connu, avec Vera, cette grand-mère au mutisme énigmatique et digne, avec ce père longtemps méprisé dans un non-dit de convenance.

S'il faut du temps pour rentrer dans le récit, le roman finit curieusement par fonctionner. Curieusement, car le personnage du narrateur concentre tellement des défauts de notre temps qu'il est bien difficile d'éprouver pour lui la moindre empathie. On suppose que Michel del Castillo s'est interrogé sur la pertinence de placer dans un roman ce que l'on exècre pour le dénoncer où s'il n'est pas préférable de l'ignorer. A cela s'ajoute maintenant le fait que tants de romans contemporains traitent de ce qu'on pourrait appeler la rédemption de l'abruti, que le simple fait de prendre pour personnage un de ces riches parvenus superficiels devient problématique.

Toujours est-il que le roman fonctionne, et que l'on se surprend à trouver en ce Salvador Portal quelques émotions justes. La beauté de cette Espagne de velour et de sang y est peut-être pour beaucoup.

samedi 3 novembre 2007

L'attrape-coeurs, J. D. Salinger


Jerome David Salinger publia The catcher in the rye en 1951, il avait alors 32 ans. Ces quelques précisions ont leur utilité mais n'expliquent en rien comment a pu être écrite une telle merveille. Car c'est bien ce qui reste en suspens une fois le livre reposé. Non pas une forme docte de vénération classique pour un auteur historisé, mais la conjoncture d'une proximité spontanée, actuelle, et d'une élégance des plus justement époustouflante.

Irréel et simple


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Originally uploaded by 神经漫游者

samedi 20 octobre 2007

La physique des catastrophes, Marisha Pessl


Voici certainement la bonne surprise de cette rentrée littéraire. La physique des catastrophes - Special topics in calamity physics pour les anglophones - est le premire roman de Marisha Pessl, new-yorkaise de 27, 28, 29 ou 30 ans selon les sources. Notons d'ailleurs là un des grands mystères de notre époque, étouffée par la sur-présence médiatique mais ou l'information partielle voire ouvertement erronée règne en maître. Mais passons sur ce point qui mériterait plus qu'un article.

La première qualité de ce livre est le plaisir que l'on prend à sa lecture. Tout y est très soigné : style, intrigue, personnages, contexte narratif, même le livre lui-même - édition Gallimard, collection du monde entier - confère à l'ensemble un je-ne-sais-quoi de précis et d'appliqué dont on ne peut être que reconnaissant.

La narratrice, Bleue Van Meer, 17 ans, vient d'arriver dans un nouvel établissement et entamme l'année de sa terminale. Cette élève brillante et solitaire est élevé par son père, talentueux conférencier qui la promène d'état en état au gré de ses mutations et égrenne les conquêtes féminines d'une semaine.
Comme on peut s'y attendre, cette année à St-Gallway ne se passera pas tout à fait comme prévu et je vous laisse le plaisir de le découvrir.

Le roman possède deux particularités. Tout d'abord, il est égréné de dessins, attribués à la narratrice et réalisés par la romancière, ce qui donne de la consistance au récit et crédibilise l'emploi de la première personne Bleue-Marisha. D'autre part, la narratrice nourrit son texte de citations ou plutôt de références littéraires plus ou moins sérieuses qui appuient le savoir livresque de son personnages tout en s'en amusant.

Dans un monde à l'heure qui l'est - 21h01 20 octobre 2007 - toujours en proie à une édifiante et bavarde inculture de masse, la lecture de cette physique des catastrophes offrera au lecteur résistant une bouffée d'oxygène aussi inattendue qu'appréciable.

samedi 13 octobre 2007

Good canary, Zach Helm


Le théâtre Comedia propose actuellement une pièce mise en scène par John Malkovich, Good canary. L'auteur, Zach Helm, 32 ans, est peu connu en Europe mais bénéficie du statut de figure montante de la scène américaine. Cela ajouté à la notoriété de M. Malkovich et à la présence d'acteurs imprévisibles ne pouvait que susciter une vive curiosité.

Sans en dévoiler les clés, l'histoire est celle d'un couple d'écrivains que l'on imagine new-yorkais et confrontés aux affres de la notoriété naissante et de ses sombres compagnons : orgueuil et doute, reconnaissance et mépris, rage identitaire, et moi et moi et moi. C'est donc une Cristina Reali nevrosissimantesque que Jacques - Vincent Elbaz, convainquant en ours consolateur en laisse - devra accompagner et protéger avant tout contre elle-même, sous la menace sourde d'un secret que l'on devine dévorant. Cette trame simple, accompagnée d'un texte idoine, laisse peu d'appui aux acteurs mais leur offre l'opportunité de donner corps à leurs personnages. La difficulté se montre peut-être dans leur caractère univoque, leur singulier manque de relief. Même la complexité d'Annie est donnée comme un trait de caractère, comme la timidité ou le romantisme. Or toute complexité est complexité de quelque-chose - si je vous le dit - et c'est ce contenu qui manque. En un mot, on serai tenté de dire que les personnages ne sont pas à la hauteur de la pièce. Les acteurs, et bien les acteurs incarnent très bien leur personnage, peut-on leur reprocher ?

Par ailleurs, impossible d'évoquer cette pièce sans aborder la très bonne mise en scène de John Malkovich. Le décor est constitué de six cubes vidéo mobiles, sur lesquels sont projetés les décors, et de mobilier sur roulettes entrant et sortant de scène avec la légèreté d'une parenthèse. La musique, très présente, se révèle bienvenue lors de scènes comme celle de la soirée, probablement le point fort de la pièce. Pour le coup, son onirisme doit tout à la mise en scène (peut-être aussi au constraste avec le décor kitch du théatre Comedia). Sur la fin, son intérêt est moins flagrant, on se dit que le petit Yann Tiersen de la 5ème avenue en rajoute un peu et qu'un peu de Cansei de ser sexy ne lui ferait pas de mal.

Une fois le rideau tombé, difficile de ne pas être partagé entre ces quelques scènes de théâtre contemporain d'excellente facture - la soirée, les téléphones, le théâtre muet - et un texte décevant qui donne peu leur chance aux personnages.

lundi 8 octobre 2007

King Africa

The "I wanna be somewhere else" project

Good Morning


Good Morning
Originally uploaded by Mr. McDuff
Exactly how I feel these mornings

4 mois, 3 semaines, 2 jours, Christian Mungiu


Il y a 4 mois, 3 semaines et 2 jours (à peu près), ce film roumain de l'inconnu Christian Mungiu recevait la palme d'or du festival de Cannes 2007.
Un sujet difficile - l'avortement d'une étudiante dans la Roumanie de Ceaucescu, une sortie différée à l'automne et donc privée de l'élan de la récompense canoise, il n'en aura pas fallut plus pour voir ce film privé de l'exposition qu'il mérite et confiné à seulement quelques salles dans la capitale. Un traitement d'autant plus curieux que le film est à bien des égards remarquable, tant par sa forme admirable maîtrisée - peut-être trop pour certains ? - que par son contenu humain.
D'une justesse touchante, 4 mois, 3 semaines et 2 jours doit à une actrice - Anamaria Marinca, définitivement à suivre - sa grace fragile et débrouillarde, magnifiée par une photo et une mise en scène royales. Depuis ces scènes de vie quotidienne à l'internat de l'université polytechnique jusqu'à l'épilogue en marge d'un banquet de noces qui appartient déjà au passé, en passant par un plan séquence épique sur un repas familial, ce sont d'absolus moments de vie et de cinema qui nous sont offerts. Un film à ne pas manquer.

vendredi 28 septembre 2007

Cendrillon, Eric Reinhardt


Ainsi donc, d'aucuns se seraient permis d'exprimer leur désintérêt pour le précédent roman d'Eric Reinhardt. Pire, c'est à l'occasion d'une émission de France Culture que ces critiques littéraires germanopratins se seraient prononcés, brisant dès lors tout espoir de reconnaissance par ses pairs pour cet auteur désormais marqué par la disgrâce et le déshonneur. Pleurs, soleil couchant, fermez le rideau, la messe est dite.

Bien entendu, on l'aura compris, tout cela ne peut s'agir que d'un complot ourdi par une bougeoisie parisienne de gauche, menacée par le talent de ce Reinhardt provincial qu'il a donc convenu d'éliminer symboliquement. C'est en tout cas la thèse soutenue tout le long de ce livre, illustrée par une mise en perspective des déboires littéraires de l'auteur au moyen de clones légèrements modifiés, tous marqués par le destin de traumas familiaux destructeurs et des obsessions communes.

On aurait pû plaider l'humour, l'autodérision résignée si chaque personnage n'était décrit avec le sérieux le plus nombriliste qu'il ait été donné de lire cette année. Car ainsi donc, il y aurait tous ces exclus, ces chomeurs enfermés dans un comportement auto-destructeur et vivant de clopinettes, et puis Eric Reinhardt, véritable SDF du petit monde littéraire parisien après sa flagellation sur France Culture. Outre le caractère relativement odieux de la métaphore, il n'est tout simplement jamais question pour lui d'envisager l'idée que le roman ait pû s'avérer quelconque, voire mauvais. Non, il ne peut s'agir d'une conspiration, un dégât collatéral de plus à mettre au débit de cette toujours actuelle lutte des classes, qui pour le coup a bon dos.

Malheureusement, si M. Reinhardt n'a pas eu la chance de naître dans une famille bourgeoise des beaux quartiers, si en conséquence l'écriture d'un roman de qualité lui est moins accessible qu'à d'autres, un mauvais roman reste un mauvais roman. Et il n'y aura jamais d'excuse sociologique qui autorise à qualifier un mauvais roman d'exceptionnel, au motif que l'effort consenti serait supérieur à d'autres. Or ce que l'on perçoit à travers tout le texte est bien plus le regret de ne pas appartenir par naissance à cette élite culturelle que celui de parvenir par son travail à un résultat littéraire brillant. Cela nous vaudra d'ailleurs nombre d'immatures fanfaronades : oui, je connais personnellement Preljocaj, oui je lisais Mallarmé à 8 ans, etc. Ecartons également le faux problème du "que serais-je devenu si je n'avais pas rencontré Margot à 23 ans ?", car de Margot il n'est question que comme objet, femme-objet observée, épiée, adulée mais qui jamais n'aura la parole. Une Margot idée fixe, comme le sont ces obsessions pour les pieds cambré ou la pointure 37 1/2, qui placent le roman dans le confinement obsessionnel du "je" là ou la littérature française à tant besoin d'ouverture, de voyages et de fraicheur étrangère.

Dès lors, terminons diplomatiquement sur cette bonne vieille idée de liberté, liberté d'écrire un livre sur n'importe quel sujet, liberté de ne ne pas aimer un livre, liberté de ne pas lire un livre, liberté de critiquer.

dimanche 23 septembre 2007

Zadie Smith, White teeth


Je sais, je suis en retard. Non seulement ce livre a beaucoup fait parler de lui en France il y a 6 ans, soit à la rentrée littéraire 2001, mais plus étrange encore, il s'agit très exactement du genre de roman - et de romancière - qui s'apprécie sur à peu près tous les points possibles : style, ton, sujets traités, orientation politiquo-sociale, etc. Bref, comment ai-je pu passer à côté de ces quenottes blanches ?
A vrai dire, peu importe. L'erreur est maintenant réparée, et en anglais s'il vous plait. Pour faire court, il s'agit d'une saga familiale qui retrace la vie de deux familles d'immigrés indiens et antillais de la banlieue londonnienne, pendant les années 70, 80 et 90, mais également avant et encore après.
Dans un style jeune, vif, vrai, nous suivons la vie d'Irie, des jumeaux Millat et Magid, ou plutôt Magid et Millat, mais aussi d'Archie et Samad, de Clara et Alsana, de toute la famille Chafden, de toute une tribu d'immigrés aux destins croisés et qui font avec ce qu'ils ont pour vivre et survivre et se débattre avec leurs racines et leur histoire.
Depuis ce premier roman, dont le seul défaut est qu'on aimerait l'aimer bien plus qu'on ne l'aime, Zadie Smith en a écrit deux autres, The autograph man (2002) et On beauty (2005). L'accueil du premier fut plutôt mitigé, probablement en raison d'une attente démesurée. On beauty a bénéficié d'une très bonne presse, espérons en finir vite avec ces livres de la rentrée littéraire pour se lancer à nouveau dans une expérience littéraire des plus justement cool.

dimanche 9 septembre 2007

Wayne Shorter quartet, Herbie Hancock, Jazz à la Villette 2007

Le mardi 4 septembre fut de ces moments magiques que seul le plus haut niveau de l'art peut offrir.
Tout commence avec une première partie de rêve, avec la suprise Herbie Hancock qui n'était pas annoncée au programme. Il nous gratifie d'un duo avec Wayne Shorter puis de deux morceaux en compagnie des brillants John Pattituci et Brian Blade, dont un hommage à Joe Zawinul, toujours hospitalisé à Vienne.
Marlgé une affiche impressionnante, ce concert commence pourtant sans véritable entrain : Hancock n'est pas loin de somnoler et peine à partir sur les élans de la section rythmique. Pire encore, le public - le légendaire 5ème homme du quartet - ne parait rien comprendre à ce qu'il se passe. Un vrai public de télévision, totalement absent, probablement venu là pour voir des noms et un peu décontenancé à l'écoute de la musique du quartet de jazz le plus redoutable du moment. Ne manifestant aucun signe vital à l'annonce par Shorter que le morceau était dédié à Zawinul, insensible au jeu monstrueux de Brian Blade, tout aussi apathique à la reprise du thème de Mercy, Mercy, Mercy, c'est à se demander ce que cette foule était venue faire à la Villette. Fort heureusement, j'avais été en quelque sorte prévenu par mon voisin de droite, un "jeune" lecteur du Point, dont l'indifférence à manifester son intéret pour un signe aussi flagrant d'inculture et de bêtise m'orienta assez rapidement vers une stratégie d'évitement : ignorer le public pour apprécier la musique, aux grands maux les grands remèdes.
La dexième partie vit Danilo Perez reprendre son tabouret de pianiste - bye bye Herbie - et l'orchestre national d'ile de France rejoindre le quartet pour une demi-dizaine de morceaux composés par Wayne Shorter. Une musique toujours aussi inspirée, mise en valeur par un orchestre qui tient plus un rôle d'accompagnateur, annoncant puis reprenant les thèmes entre les phases d'improvisation du quartet. Là encore, Perez et Blade sont monumentaux, Patittuci solide et Shorter plus Shorter que jamais. L'orchestre s'en sort plutôt bien, malgré une légère imprécision accentué par l'acoustique de la salle et le jeu métronomiquement subtil de Blade.
L'impression finale est celle d'un concert de très haute tenue, incontestablement de l'étoffe de ce qui se fait de mieux sur la planète jazz. Messieurs, merci !

Harry Potter and the deathly hallows


La sortie du dernier tôme des aventures du célèbre sorcier offre une réjouissante occasion de se (re)plonger dans la lecture anglophone. Car pouvait-on rêver meilleure occasion ? Annoncé comme le dernier épisode de la série, tout se joue dans ce livre, du destin du jeune Harry et de ses amis Hermione et Ron à l'avenir d'un monde - oui, tremblez mortels - plus que jamais menaçé par Voldemort le maléfique.
Doit-on ajouter que ce trépidant enjeu nous est conté dans un anglais volontiers grand public en pleine saison estivale marquée par une météo très anglaise ? Et pour ceux que toutes ces bonnes raisons ne convaincraient pas, songez que vous tenez là un excellent cahier de vacances anglais qui vous occupera jusqu'à la redoutable rentrée littéraire de septembre .

mardi 7 août 2007

Den allvarsamma leken, Hjalmar Söderberg

Arvid Stjärnblom could be any of us. In love with the young Lydia Stille, for some social and personnal reasons, he lets his chances go away. She slips out of his hands to marry a much metter match. As time goes by, they finally meet again and live together a few years. But Lydia cheats on him several times and finally goes away, in love with another man.
Would things have been different if Arvid could have married Lydia ? Does he pay for his hesitations ? Contrary to the preface writer Nicole Zand, there are good reasons to doubt this novel would turn around missed opportunities, first of all as Lydia is descripted as an eternal lover who could perfectly marry a new man every year.
This "serious game" is much more a fatalistic view of relationship between men and women, confronted to love and loneliness : "We don't choose our destiny. We don't choose our wife, our mistress, our children. We have them, we keep them, sometimes we loose them. But we never choose !"
The fact is I would like to disagree with Söderberg. In a way, I still think we can choose a few things, at least that a relationship is something you build and not only something you're are subjected to. Arvid never really talks to Lydia, he's confronted to her behaviour, he tries to understand her but never manages to - I know, men can't understand women, but at least he could try !
Would things be different nowadays ? Well first of all, Arvid could have find consolation in watching Sex and the City in DVD and eating ice cream. More seriously, I must admit the fatalistic theory of Söderberg is still working. When you look around you, how many unhappy "good girls" or "good guys" do you see ? And how many happy couples who do not deserve anything in particular ? Who had the opportunity to choose anything ?
Reading this "serious game", we realize things are still the sames two hundred years later. We suffer with Arvid, and enjoy the talent of Mr Söderberd to describe with such accuracy the ups and downs of love.

dimanche 29 juillet 2007

Levitating again


Levitating again
Originally uploaded by Ndesh
Ndesh is gifted for levitation, maybe the secret of his snowboard skill ?

jeudi 26 juillet 2007

De si jolis moments

Le hasard offre parfois bien plus que ce que l'on peut prévoir ou imaginer. Il en est de ces rencontres rares qui vous expulsent de votre quotidien pour vous guider, vous indiquer la voie vers la vie que vous voulez mener, ce que vous voulez être. Merci pour ces quelques jours parisiens, pour ces si jolis moments devant lesquels tout s'efface. Merci d'être là, tout simplement.

Les précieux secrets de la capitale

Le musée Delacroix - le lien web est volontaire omis - fait partie de ces lieux qu'il faudrait pouvoir ne découvrir et visiter que par hasard.
Caché dans l'angle d'une petite place dont on taiera le nom, au milieu de ruelles quasi piétonnes, sa valeur tient autant aux oeuvres exposées qu'aux lieux mêmes, puisqu'il s'agit des appartements et de l'atelier qu'occupa le célèbre peintre du XIX.
En guise de courette, un petite parc équipé de bancs, chaises est tables offre au visiteur un havre de paix bien caché des bruits de Paris.
Apaisant.

So Watt !


La fondation EDF propose en ce moment une exposition gratuite consacrée au design et à l'énergie intitulée So Watt !. Loin d'une simple collection d'objets design plus ou moins liés au domaine de l'énergie, les oeuvres et projets présentés rejoignent tous une même problématique des plus contemporaines : à l'heure où notre rapport à l'énergie n'a jamais été autant remis en question, comment utiliser le design pour concevoir des objets attrayant qui incitent à un comportement plus éco-responsable ?

Les designers suédois de Static ! proposent ainsi de transformer les équipements de tous les jours pour rendre visible l'électricité dépensée. Leurs solutions sont des plus ingénieuses : une rallonge électrique dans laquelle un flux lumineux bleu augmente ou diminue de débit en fonction de la puissance appelée; une lampe de forme florale qui s'épanouit si la consommation des derniers jours est restér raisonnable ou se rétracte dans le cas contraire; un radiateur composé d'ampoules électriques qui émettent chaleur et lumière, etc.
Dans un autre registre, la société O2 France projette de relier Sidney à Paris au moyen de faisceaux de fibre optiques sous-marins, ce qui permettrait au soleil de fournir l'éclairage public nocturne de la ville aux antipodes !

Retenons enfin cette idée originale d'une salle de gymnastique où l'effort est converti en électricité pour alimenter le centre et permettre aux adhérents de recharger leurs portables ou baladeurs mp3 !

Une exposition enrichissante et optimiste où entreprises de développement durable ( Positive Flow, etc.) et cabinets de design ( Design Council, Radi Designers, etc.) mutualisent leurs efforts pour imaginer et construire un avenir plus responsable.





lundi 9 juillet 2007

L'explosion de la durite, Jean Rolin


Peu de roman récent vous donnent à ce point envie de découvrir une région du monde jusque là ignorée que cette explosion de la durite, de Jean Rolin.

Dans un style précis de chirurgien de la mécanique, l'auteur nous emmene sur les pas de Joseph Conrad le long du fleuve Zaïre, dans un improbable périple qui, on l'apprendra plus loin, trouva son origine au McDonalds de la station La Fourche de la ligne 13, Paris.

Car tout a un commencement, et rien de tout cela ne serait arrivé sans cette Audi 25 que le narrateur se voit chargé de convoyer depuis Paris jusqu'à la capitale de la RDC afin d'y servir comme taxi.

Anvers, Soulac, Abidjan, Pointe Noire, Banana, Matadi et enfin Leopoldville-Kinshasa, un trajet improbable pour quiconque et des plus naturels pour le narrateur, qui marche - on l'apprendra - sur les pas de son enfance, de son père, et qui en profite pour relire La Recherche et disserter sur l'histoire chahutée du Congo depuis la colonisation Belge jusqu'à nos jours.

Un roman soigneusement écrit, instructif et qui ne manque pas d'humour, merci M. Rolin.

mercredi 4 juillet 2007

Les temps des vacances

Encore une journée et les vacances d'été nous ouvriront leurs portes. Il est amusant de voir comment vu d'ici, de ces heures rythmées par le travail et les préoccupations professionnelles, cette promesse de jours libres évoque invariablement l'ennui et la mélancolie. Face à ce vide, des projets - qu'une surprenante paresse se chargera bien vite de faire disparaitre - s'élaborent sans fin.
Inversement, quand viendra le temps de regagner la foule, les bureaux, Paris, ce sera avec une appréhension sage à l'égard de ce monde déréglé et vain.
Faut-il voir là les prémisses ironiques d'un conservatisme latent ? Espérons que non, que le temps ne fera pas son oeuvre à notre insu, et profitons de ces instants présents qui jamais ne se ressemblent mais se répètent sans fin.

mercredi 27 juin 2007

De la motivation en milieu urbain

Retour au bitume, après quelques jours à cotoyer les falaises bourguignones. De ces moments là où la fatigue et l'ennui nous terrassent tel une tempête molle, raccrochons-nous aux quelques éclats précieux qui affleurent encore : l'explosion de la durite de Jean Rolin, Giant Steps de John Coltrane, quelques moments justes dans Grey's anatomy, voilà de quoi résister, ne pas oublier et renaître ...

lundi 25 juin 2007

mercredi 13 juin 2007

L'auteur ! l'auteur ! David Lodge


L'auteur ! l'auteur ! est le dernier roman disponible en France de l'écrivain anglais David Lodge. Plutôt connu et appécié pour ses savoureuses satires du milieu universitaire, l'auteur se démarque ici en se consacrant à la biographie romancée d'Henry James.

A première vue, voilà qui a tout du sujet périlleux : thème pointu, contrainte d'historicité, personnages assez méconnus. Une fois le roman commençé, on ne peut qu'admirer le talent, le travail et la passion de David Lodge pour son sujet. Chaque page se lit avec la même délectation minutieuse qu'Henry James a manifesté toute sa vie durant.

La fin du livre est d'autant plus touchante que les disparitions successives des personnages cotoyés tout au long du roman semblent véritablement marquer la fin d'une époque, que l'on regrette d'ailleurs sans l'avoir connue.

mercredi 30 mai 2007

The bird and the bee


Le nouvel album de The bird and the bee, à peine annoncé en France - sortie prévue pour juillet - mais déjà dispo en import, s'annonce comme un des albums les plus prometteurs de cette année.

Cela vaut bien un petit détour par le site myspace du groupe, où l'on peut écouter en boucle le tube again & again, mélange doucement acidulé de rythmique pop et d'harmoniques très easy jazz.

Nouveau design

Nouveau design du blog, sur le thème - et les couleurs - de Flickr !

lundi 28 mai 2007

Les chansons d'amour, Christophe Honoré


Les Chansons d'amour, dernier film de Christophe Honoré, ne manquent ni qualités ni de défauts. Se situant incontestablement dans la catégorie des bons films - une simple pensée au cinéma d'un Besson suffit pour s'en convaincre, on ne peut que rester partagé entre la justesse du trio amoureux et la relative faiblesse de l'épilogue.

La qualité du film doit beaucoup à une certaine volonté d'élever le débat. La relation entre les personnages de Louis Garrel, toujours impeccable en dilettante tête en l'air, Ludivine Sagnier dont on n'attendait pas tant et la surprenant Chlotilde Hesme fonctionne à merveille. Les scènes chantées s'insèrent tout naturellement dans le récit et instillent une certaine candeur à l'ensemble.

Devant ces beaux moments de cinéma, on serait donc tenté de pardonner ces efforts maladroits d'affichage "auteur", eux-aussi imputables à cette volonté d'élever le débat et surtout de le montrer : générique d'emblée assez poseur, références surlignées comme ces personnages lecteurs de permier ordre, et plus généralement une certaine complaisance à montrer un milieu parisien cultivé/cool mais typiquement du point de vue de l'aspirant.

Ce qui déplait le plus fortement dans ces chansons d'amour est très clairement de l'ordre du subjectif. En délaissant son passé pour une relation consolatrice avec le personnage monolithique de Grégoire Le Prince-Ringuet, Ismaël/Louis Garrel saborde le film comme un vulgaire pirate des caraïbes. Non seulement on y croit très peu, la faute à un personnage au fond du creux, mais cela introduit du coup quelque-chose de l'ordre de l'obscène, en particulier dans cette scène de chambre chantée hautement artificielle. Ce sentiment de fabriqué rejoint ce que l'on peut ressentir devant les films de Michael Moore, à la volonté certes louable mais aux manières ni subtiles ni recommandables.

Dans un inattendu effet de mise en abîme, jamais Ludivine Sagnier n'aura autant manqué au spectateur que dans cette fin forcée. On se rappelle alors combien la vie était belle et Chlotile Hesme est toujours là, vaillante, pour nous réconforter.

samedi 19 mai 2007

We feed the world, Erwin Wagenhofer


Si certains documentaires sont intéressants, We Feed The World est plutôt de l'ordre de la nécessité, de ces films dont on ne ressort pas indemne.

Erwin Wagenhofer nous transporte dans les champs de blé autrichiens, sur un bateau de pêche à Concarneau, dans les gigantesques serres à tomates d'Almeria en Andalousie, auprès de cultivateurs roumains d'aubergines dites hybrides, au Brésil (photo ci-contre) où la production de soja empiète chaque jour sur la forêt vierge et n'empêche pas misère et malnutrition, pour finir dans une véritable usine à volailles à faire cauchermarder les poules de Chicken Run.

Chaque lieu apporte son éclairage sur les absurdités du monde agro-alimentaire contemporain, appuyé par les commentaires pertinents de Jean Ziegler, rapporteur spécial aux Nations Unies sur le droit alimentaire. On apprend que les infrastructures ultra-modernes d'Almeria, soutenues par des subventions européennes et favorisées par un coût de transport marginal, écrasent la concurrence des pays émergents jusque dans leurs frontières; ou encore que la déforestation brésilienne ne sert qu'a nourrir le bétail et la volaille des pays occidentaux.

Les acteurs de cette mécanique mondiale, si l'on excepte le président de Nestlé pour lequel le doute est permis, ne sont pas d'abominables monstres profitophages. Ils exercent leur métier, conscients de cette déshumanitation et peu à peu gagnés par le cynisme. Ce sont d'ailleurs les premiers à le reconnaître : jamais les consommateurs occidentaux n'ont été autant désinformés de ce qui se passe de la production de biens alimentaires jusqu'aux supermarchés. La publicité est là pour leur faire oublier.



vendredi 18 mai 2007

Retired Weapons, Berlin 2007

Arctic Monkeys, Favourite Worst Nightmare


Un peu plus d'un an avant que le groupe ne se fasse connaître au monde entier par le net, le deuxième album des Arctic Monkeys vient de paraître. "Favourite Worst Nightmare" reprend les éléments qui ont fait le succès de leur premier ep : une efficacité rock redoutable, guidée par la précision des riffs de guitare et une rythmique bien en place. On notera même une sensible amélioration du jeu de batterie de Matt Helders, qui apporte maintenant une incontestable justesse à l'ensemble.
Le registre des Arctic Monkeys s'inscrit toujours dans un rapport physique et instinctif à la musique. Peu d'engouement pour une recherche harmonique - on a envie de dire qu'ils ne se sentent tout simplement pas concernés par le problème, mais une rythmique omniprésente à faire sauter sur place.
Un disque agréablement pêchu, mais qui pêche par son manque d'émotion. Une bouffée d'énergie entre deux écoutes de l'incroyable Reminder de Feist ?

mardi 15 mai 2007

Airs de Paris, Beaubourg

Pour ses 30 ans, le Centre Pompidou propose jusqu'au 15 août 2007 une exposition intitulée "Airs de Paris". Située non sans un certain sens de l'a propos dans les airs, là haut, tout là haut, au sixième et dernier étage du bâtiment, l'exposition joue amplement avec son lieu et sujet. Et quelle meilleure introduction pouvait-on trouver que cette magnifique vue aérienne sur la capitale ?

En parcourant cette galerie 1 de Beaubourg, on réalise pourtant que si Paris tient lieu de prétexte de coeur à ce rassemblement d'oeuvres plastiques et picturales, c'est plutôt la pluralité urbaine sous toutes ses formes et tous ses lieux qui est exposée. Cette ouverture, loin de nuire à la cohérence de l'ensemble, l'enrichit et l'éclaire presque autant que ces élégantes coupes murales et la vue qu'elles offrent sur les toîts parisiens.

Comme toute exposition collective d'art contemporain, émerveillement, indifférence, amusement ou scepticisme s'entremêlent au fil de la visite. On retiendra de belles expériences à base de bulles de savon, de photo-montages, de graffs, d'une vieille planche de skate-board, d'un canard ou autres néons oranges.

Une exposition aérienne, à prendre plus que jamais à la légère !


samedi 12 mai 2007

Jesus Camp


Jesus Camp est un documentaire de Heidi Ewing and Rachel Grady sur l'endoctrinement des enfants chez les évangélistes américains. Si l'on en croit le film, 25% de la population américaine se déclare évangéliste ou proche de ce mouvement fondamentaliste protestant.

La ligne suivie n'est pas celle d'une enquête exhaustive sur le sujet. Le documentaire suit un petit groupe d'enfants qui se rendent à un camp d'été tenu par Becky Fischer, personnalité pittoresque et terrifiante.

De l'avortement à Harry Potter, rien ne leur est épargné durant ces multiples séances de repentance collective. Comme nous explique fièrement Mme Fischer, les enfants d'aujourd'hui sont extrêmement sensibles aux images et aux sons, les méthodes de propagandes doivent être celles du XXIème siècle : musique grandiloquente pour appuyer la prêche, figurines et jouets pour illustrer chaque propos, interactivité version star ac', etc.

Et le résultat est là. Avec une parfaite assurance, Rachael, Levi et leurs camarades, 12 ans tout au plus, des étoiles dans la tête et une gueule d'ange, nous expliquent à quel point Jesus les habite et combien il est important qu'ils portent sa parole autour d'eux. Glaçant.

Feist - 1 2 3 4

One, two, three, four
Tell me that you love me more
Sleepless, long nights
Sighs, what my youth was for
Oh, teenage hopes
Arrive at your door
Left you with nothing
but they want some more

You're changing your heart
You know who you are

Sweetheart, bitter heart
Now I can't tell you apart
Cozy and cold
Put the horse before the cart
Those teenage hopes
Who have tears in their eyes
Too scared to run off
To one little life

you're changing your heart
you know who you are

One, two, three, four, five, six, nine, and ten
Money can't buy you back the love that you had then
One, two, three, four, five, six, nine, and ten
Money can't buy you back the love that you had then

You're changing your heart
You know who you are
You're changing your heart
you know who you are.


vendredi 11 mai 2007

Time for strawberries ! III


Time for strawberries ! III
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Réconfort

Une autre époque est possible


Comme beaucoup d'autres, de récents évènements m'ont incité à fuir la France et tant qu'à faire le XXI siècle. Départ immédiat pour la côte ouest des Etats-Unis, années 70, grâce à Armistead Maupin et ses Chroniques de San Francisco.

Une fois sur place, tout a très bien commencé. J'ai pu trouver un appartement facilement, une colocation que je partage avec une fille très sympa originaire de Cleveland, Mary Ann Singleton.

Nous avons mis un peu de temps à nous habituer à cette nouvelle vie, mais il faut dire que tout est tellement différent de Paris ! C'est bien simple, ici tout le monde couche avec tout le monde, et tout est prétexte à l'aventure : drague au supermarché Safeway de Marina, en boîte (le "Dance Your Ass Off" est une valeur sûre, pensez-y), à la laverie ("On a partagé un adoucissant. Cela ne signifie donc rien pour toi ?"), au bureau ...

Bien sur, les relations humaines restent ce qu'elles sont, et cette apparente liberté n'empêche pas solitudes, déceptions et peines de coeur. Mais il fait beau, les gens sont libres, heureux et profitent tant qu'ils peuvent de cette insouciance dont on devine qu'elle ne durera pas ...

... Au même moment, loin, bien loin d'ici grandit petit à (tout) petit l'idée qu'un peu d'ordre, de travail et de valeurs ne feraient de mal à personne. "Identité nationale", "immigration", "karcher", leur temps viendra.

A chacun son époque, je n'aurai jamais 30 ans à San Francisco en 1976. Alors profitez-en, Mary Ann, Connie, Mona et tous les autres, oubliez l'avenir, oubliez le présent et emmenez-nous s'il vous plait quelques heures avec vous ...

El camino, Espagne


El camino
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Flickr ou voir le monde autrement

mardi 8 mai 2007

St Jeromes, Melbourne


St Jeromes
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Des nouvelles du monde, grâce au zapping Flickr.

Feist - The Reminder


Vient de sortir The Reminder, le tout dernier album de la canadienne Leslie Feist et la promesse d'une belle rencontre. Feist ouvre les portes de son monde, d'une urbanité cotoneuse tendrement désabusée.
Si l'on ajoute que le travail musical est de qualité, que l'on ne ressent jamais la volonté de posture si propre à la scène pop rock contemporaine, comment ne pas tomber sous le charme ?

lundi 7 mai 2007

Modern archives


Modern archives
Originally uploaded by sebrada.
Ce qu'il en reste.

museum of future sound.jpg


museum of future sound.jpg
Originally uploaded by heja.
Enjoy !
(thanks to Heja)

We make money not art


J'ai découvert Régine par hasard, grâce à l'émission Kriss Crumble de France Inter. Cette jeune belge présente sur son site We make money not art une actualité alternative de l'art contemporain avec un regard frais et bien éloigné de l'ennemi intérieur de cette discipline artistique, le snobisme. Un site pétillant, original, qui laisse la part belle aux projets les plus déjantés. L'art contemporain peut la remercier.

De l'utilité de France Culture

N'est pas média de référence qui veut. Tenez, en ce moment même, on peut lire en une de la page web du Monde : "La victoire de Sarkozy est une 'revanche de la droite' ". L'analyse provient de la rédaction du monde, qui on l'espère finira peut-être par s'informer de la couleur politique du gouvernement sortant.

Voilà où nous en sommes en ce mois de mai 2007. Les français viennent de prendre une sérieuse avance sur l'Angleterre dans la course au sens de l'humour, en élisant un homme qui affirme sans rire que mai 68 est responsable des dérives du libéralisme, que la pédophilie est génétique, que la Turquie n'a pas sa place dans l'Union Européenne pour des raisons géographiques, que les habitants de Neuilly méritent d'être riches et autres plaisanteries.

Je sais, c'est tordant, on a du mal à s'arrêter de rire, tenez, mais si, finalement, on se calme, on allume la radio, merci France Culture, et on se sent soulagé, enfin, de trouver un lieu de réflexion dans ce triste pays, dans ce triste monde.

Présidentielles 2007 (blague)

Une bonne blague pour vous remonter le moral : c'est Nicolas Sarkozy qui se présente à l'élection présidentielle française et qui est élu ... Désolé ...

Still Life, de Jia Zhang Ke



Still Life est un film chinois qui se savoure lentement, très lentement. Nous sommes en 2006, sur les lieux de construction du barrage des trois gorges, la plus importante installation hydraulique du monde. Des pans entiers de ville ont déjà été immergés. La population, déplacée et relogée tant bien que mal au fil de l'élévation du niveau d'eau, travaille à l'élaboration des nouveaux édifices et à la démolition des anciens.
16 ans après les avoir quittés, San Ming revient sur les lieux à la recherche de sa femme. C'est sa quête que nous suivrons, plongés à notre tour dans le quotidien de ces hommes et femmes entre deux mondes.

En ces temps électoraux, ce beau film à la mélancolie douce offre un fort appéciable moment de repli sur le monde. Profitez-en !

Bonjour

Bienvenue sur Alone In Paris !