samedi 19 mai 2007

We feed the world, Erwin Wagenhofer


Si certains documentaires sont intéressants, We Feed The World est plutôt de l'ordre de la nécessité, de ces films dont on ne ressort pas indemne.

Erwin Wagenhofer nous transporte dans les champs de blé autrichiens, sur un bateau de pêche à Concarneau, dans les gigantesques serres à tomates d'Almeria en Andalousie, auprès de cultivateurs roumains d'aubergines dites hybrides, au Brésil (photo ci-contre) où la production de soja empiète chaque jour sur la forêt vierge et n'empêche pas misère et malnutrition, pour finir dans une véritable usine à volailles à faire cauchermarder les poules de Chicken Run.

Chaque lieu apporte son éclairage sur les absurdités du monde agro-alimentaire contemporain, appuyé par les commentaires pertinents de Jean Ziegler, rapporteur spécial aux Nations Unies sur le droit alimentaire. On apprend que les infrastructures ultra-modernes d'Almeria, soutenues par des subventions européennes et favorisées par un coût de transport marginal, écrasent la concurrence des pays émergents jusque dans leurs frontières; ou encore que la déforestation brésilienne ne sert qu'a nourrir le bétail et la volaille des pays occidentaux.

Les acteurs de cette mécanique mondiale, si l'on excepte le président de Nestlé pour lequel le doute est permis, ne sont pas d'abominables monstres profitophages. Ils exercent leur métier, conscients de cette déshumanitation et peu à peu gagnés par le cynisme. Ce sont d'ailleurs les premiers à le reconnaître : jamais les consommateurs occidentaux n'ont été autant désinformés de ce qui se passe de la production de biens alimentaires jusqu'aux supermarchés. La publicité est là pour leur faire oublier.



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