lundi 28 mai 2007

Les chansons d'amour, Christophe Honoré


Les Chansons d'amour, dernier film de Christophe Honoré, ne manquent ni qualités ni de défauts. Se situant incontestablement dans la catégorie des bons films - une simple pensée au cinéma d'un Besson suffit pour s'en convaincre, on ne peut que rester partagé entre la justesse du trio amoureux et la relative faiblesse de l'épilogue.

La qualité du film doit beaucoup à une certaine volonté d'élever le débat. La relation entre les personnages de Louis Garrel, toujours impeccable en dilettante tête en l'air, Ludivine Sagnier dont on n'attendait pas tant et la surprenant Chlotilde Hesme fonctionne à merveille. Les scènes chantées s'insèrent tout naturellement dans le récit et instillent une certaine candeur à l'ensemble.

Devant ces beaux moments de cinéma, on serait donc tenté de pardonner ces efforts maladroits d'affichage "auteur", eux-aussi imputables à cette volonté d'élever le débat et surtout de le montrer : générique d'emblée assez poseur, références surlignées comme ces personnages lecteurs de permier ordre, et plus généralement une certaine complaisance à montrer un milieu parisien cultivé/cool mais typiquement du point de vue de l'aspirant.

Ce qui déplait le plus fortement dans ces chansons d'amour est très clairement de l'ordre du subjectif. En délaissant son passé pour une relation consolatrice avec le personnage monolithique de Grégoire Le Prince-Ringuet, Ismaël/Louis Garrel saborde le film comme un vulgaire pirate des caraïbes. Non seulement on y croit très peu, la faute à un personnage au fond du creux, mais cela introduit du coup quelque-chose de l'ordre de l'obscène, en particulier dans cette scène de chambre chantée hautement artificielle. Ce sentiment de fabriqué rejoint ce que l'on peut ressentir devant les films de Michael Moore, à la volonté certes louable mais aux manières ni subtiles ni recommandables.

Dans un inattendu effet de mise en abîme, jamais Ludivine Sagnier n'aura autant manqué au spectateur que dans cette fin forcée. On se rappelle alors combien la vie était belle et Chlotile Hesme est toujours là, vaillante, pour nous réconforter.

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