mercredi 19 novembre 2008

Les chambres d'hôtel

Lucie fut réveillée par ces grincements inhabituels qui hantent les chambres d'hôtel. Un coup d'oeil sur son téléphone portable : deux heures quarante cinq ; pas une heure pour se réveiller. L'obscurité partielle lui révélait les lieux en douceurs : le mur mat et son cadre à motif champêtre, un bureau sommaire fonctionnel partiellement dégagé, une penderie, des rideaux sombres atténuant comme ils pouvaient l'éclairage public extérieur. L'impersonnalité du lieu, sans pour autant l'émouvoir, suscitait en elle une désapprobation distante. Elle n'était pas dégouté ni gênée, pensait-elle, comme si cela aurait été accorder trop d'implication à une chose qui n'en valait décidemment pas la peine et qu'il convenait d'ignorer. Perdue dans ses pensées, elle finit par se rendormir, et se réveilla sans même se souvenir de ces instants de nuit.


mardi 18 novembre 2008

Hot Dog on The Go


Hot Dog on The Go
Originally uploaded by hans.soderstrom

Une troisième vie, puis quatre

Vie un, vie deux, vie trois, vie quatre, sautons de monde en monde, de planète en planète. Quelques jours avec vous, quelques jours avec toi. Le temps passe, vite, filons. Il nous rattrapera bien à temps !

lundi 17 novembre 2008

Les rappeurs sont des ringards comme les autres

Tout le monde aura remarqué à quel point le rap accorde de l'importance à cette mise en scène du soi : vêtements tendance, posture cool, scansion bravache tendance "moi je (vais te raconter la vie, en ai bavé, suis trop cool, etc.)". Même dans ses formes d'auto-dérision (Snoop dog, etc.), celle-ci semble toujours au service de soi et de son image. Le rap revendique, exhorte, se prend au sérieux, parfois à raison, mais semble accorder tellement d'importance à sa distinction et à sa propre mythologie (50cents, Tupac) qu'un petit slam s'impose ce soir à mon flow : les rappeurs sont de beaufs comme les autres, yeah man, les rappeurs sont des beaufs comme les autres, et dans la rue parfois ils se vautrent (big up !).

dimanche 16 novembre 2008

Raoul Dufy, le plaisir

Le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris présente actuellement une exposition consacrée à l'œuvre de Raoul Dufy, peintre du début du XXème siècle dont la monumentale Fée électricité (1937) était déjà exposée à titre permanent dans une (immense) salle dédiée.

Cette exposition est intéressante à plusieurs titre. Non contente de mettre en lumière un peintre assez peu connu compte tenu de la notoriété qui fut la sienne de son vivant, l'oeuvre de l'artiste présente la particularité de balayer l'essentiel des mouvements picturaux du début du XXème siècle.

Raoul Dufy fut tour à tour impressioniste - ses paysages de Sainte-Adresse, fauviste suite à la découverte révélatrice de Luxe, calme et volupté de Matisse en 1904, cubiste lorsqu'avec Braque il rejoint Cézanne à Martigues et se prend de passion pour le travail des formes épurées, pour finalement parvenir à son propre style et l'appliquer aux paysages de Normandie de ses jeunes débuts.

Véritable touche à tout, il s'illustra dans la décoration de céramiques, le tissu, la peinture à l'encre ou encore l'aquarelle réhaussée de guache. Mentionons également son illustration des poèmes d'Apollinaire regroupés sous l'appellation du Bestiaire, travail atypique de gravure qui en dit long sur la multiplicité de l'artiste et son immersion dans la vie culturelle et artistique de son époque.


samedi 15 novembre 2008

Changeling, Clint Eastwood

Il arrive parfois que l'on éprouve comme une envie de classissisme, comme ce fut le cas en cette douce soirée automnale. La sortie conjointe d'un film de Clint Eastwood représente alors une aubaine bienvenue dont on aurait tord de se priver.

Changeling, présenté en France sous le titre L'échange, raconte l'histoire vraie de Christine Collins, une mère confrontée à la disparition de son fils dans le Los Angeles des années 1920 (1928 pour être précis). Inutile d'en dire plus, ce film gagne à être découvert au fil de la projection telle une surprise de saison. Evitez donc les bavards, d'autant que le scénario s'y prête bien plus que les deux précédents films du réalisateur, le fascinant dyptique d'Iwo Jima.

Passées les scènes d'introduction, les idées se font plus précises sur la teneur et la qualité de ce long métrage. Une photo impeccable, de toute évidence quelques facilités de mise en scène et d'éclairage (on se souviendra de la clarté des yeux d'Angelina Jolie), mais tout de même une certaine tenue très américaine et fort apréciable.

A mesure que l'on rentre dans le film, il se passe quelque-chose de surprenant : alors que l'on ne peut s'empêcher de noter ça et là quelques imperfections de tous ordres (toujours quelques plans proches - osons le dire - du cliché, un rythme de récit parfois un peu maladroit, des personnages un peu trop lisses, etc.), le film se met en fin de compte à fonctionner. On se (sur)prend au jeu, éprouvant tour à tour angoisse, colère, espoir, révolte, et surtout la satisfaction de passer un bon moment de cinéma, certes imparfait, mais tout à fait plaisant. Le film finit par dépasser ses lacunes, laissant le sentiment curieux de cahotements heureux sous une image de velours. Un semi-ratage et une belle réussite à la fois.




vendredi 14 novembre 2008

Sérénité automnale

Ce furent les piaillements des oiseaux qui me réveillèrent ce matin. J'ouvrai les yeux, une raie lumineuse se détachait de chaque côté du store du store pour traverser la chambre, rayons de chaleur et de vie lézardant dans la pénombre entre les livres, journaux et vêtements éparpillés.

mercredi 12 novembre 2008

Destinations



Originally uploaded by Fer.Cipriani

Nos frontières intérieures

Petit à petit, pas à pas, nous avançons dans l'obscurité étoilée de nos vies, sereins ou terrassés d'effroi, honteux ou fiers, un peu plus surpris chaque jour et jamais découragé ou plutôt si, parfois, de si longs instants même, que l'on aimerait oublier et qui sans doute resteront.
C'est en parcourant cette route à tâtons que nous nous heurtons chaque jour à son balisage, bornes inébranlables au calme de pierre, qui nous limitent et nous définissent comme un musicien son répertoire.