lundi 27 avril 2009

Les ânes du bouclier fiscal

La métaphore animalière semble de rigueur pour tous ceux qui justifient le bouclier fiscal par cet argument suprême : "il est juste qu'une personne ne donne pas plus de la moitié de ce qu'elle gagne à l'État".
En effet, outre l'irréductible arbitraire de la fraction employée - pourquoi 1/2 et pas 52/104èmes ? - en quoi le salaire serait-il une mesure du travail effectué ?
Qui mérite de gagner 2 millions d'euros ? Personne, tout simplement. De telles sommes n'étant en rien corrélées avec la qualité des activités associées, le principe redistributif est là pour les corriger.
Par ailleurs, tous ces revenus aberrants proviennent de plus-values dégagées de la somme des activités des salariés de l'entreprise, privés ainsi du fruit de leur travail - en quoi serait-ce plus celui des dirigeants que le leur ? - par le jeu endogamique des conseils d'administration.
Soyons sérieux, si la concurrence fiscale rend ce mécanisme nécessaire, il n'en demeure pas moins profondément choquant. S'il fait y voir une injustice, c'est bien en ce que si peu de personnes gagnent tant d'argent sur le dos de tant d'autres.

dimanche 19 avril 2009

Manipuler Nicolas Sarkozy, faute de mieux

Ainsi donc, M. Zapatero manquerait de raison. Nous devons ce jugement avisé à notre Président, dont les qualités intellectuelles auront sauté aux yeux des lecteurs de philosophie magazine , aux auditeurs du discours de Dakar ou bien encore de celui du 22 janvier sur la Recherche en France.

Il est permis de sourire devant pareilles tentatives de se prévaloir de qualité dont l'homme politique est pourtant si ouvertement et imparablement dépourvu. Car, faut-il le (lui) rappeler, peu de Présidents de la République n'ont autant suscité de soupçons de lacunes intellectuelles, se seront autant attirés les foudres des professions savantes et n'auront jalonés leur mandat de pareilles marques de méprisable vulgarité ignorante.

Pour antant, reconnaissons lui une qualité, notre Président travaille, occupant ainsi de la meilleur façon qu'il puisse le rôle qui est le sien. Dans une période difficile, où manquent femmes et hommes de qualité, il y a fort à croire que M. Sarkozy gardera l'image d'un président de transition sans talent, assurant les nécessités requises en attente des jours et des personnalités d'une autre ampleur.

Gardons nous dès lors de trop moquer se manières et celles d'une cour de bien basse tenue. Il pourrait - sait-on jamais - se rendre compte que ses efforts pour atteidre quelque considération resteront vains, telle une carotte au bout d'un baton destinée à le faire avancer.



mercredi 15 avril 2009

D'arbres et de forêts

Il y a de cela quelques mois, beaucoup était dit sur la paralysie du PS et l'incapacité de son premier secrétaire à susciter l'adhésion. Homme de compromis, du "consensus mou", M. Hollande concentrait toutes les critiques de citoyens excédés par l'absence de gauche.
Force est de constater qu'en dépit de la crise, l'opposition n'est pas parvenue à sortir d'une invisibilité des plus remarquées. Le renouvellement du secrétariat national n'aura que peu apporté, le parti se lançant tout juste dans une démarche d'élaboration de programme par des "laboratoires d'idées". On ne peut que déplorer dans cette lente et poussive mise en œuvre la piètre capacité d'auto-analyse d'un parti en manque d'hommes de qualité.
Ce n'est pas que M. Hollande manque, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il n'était au fond que l'absence d'arbre qui cachait l'absence de forêt.

mardi 14 avril 2009

Politique et complexité

Plusieurs idées en vrac à propos de la complexité en politique:

- Le monde est devenu plus complexe, plus visible mais moins lisible. Aux conditions de classes des siècles précédents (ouvriers et agriculteurs d'un côté, bourgeoisie et aristocratie de l'autre) s'est substitué une société multiforme, disparate, où le sentiment d'appartenance s'est amenuisé et a dû faire face au rapprochement médiatique des pays en développements. La revendication sociale ne va plus de soi, minée par une amélioration objective des conditions de vie (bien que les inégalités objectives se soient accentuées), un délitement social et la pression symbolique des travailleurs pauvres d'Asie et du Sud.

- Le monde ne fait plus rêver. Les grands idéaux du XXe siècle ont cédé la place à une situation préoccupante, qui appelle à la responsabilité des hommes face à diverses menaces globales (conjoncturelles comme l'économie, structurelles comme le réchauffement climatique). Face à ces risques, le monde s'est structuré en un marché, un opposition de puissances ou le pays étranger est moins un colocataire d'un monde qu'un concurrent, qui menace nos emplois, notre souveraineté, notre culture et notre société. Cet imaginaire collectif de l'étranger concurrent est paradoxalement devenu notre premier universel.

- Le rôle du politique s'est donc sérieusement complexifié. Ce qui allait de soi, lutte contre les injustices et espoirs de construire une société meilleure, tient maintenant de la gageure.

- Face à ce constat, deux tendances se sont dégagées : la gauche, paralysée par la nouvelle difficulté de ses orientations, a perdu tout moyen de lutter et rendu copie blanche. La droite, tenante depuis longtemps de la ligne simple, a doublement profité de ce phénomène. D'une part en offrant un discours lisible (car simple) d'une situation pourtant structurellement complexe, ce qui ne peut que rassurer. D'autre part en suivant sa ligne directrice, celle de la simplicité : si le monde change, c'est qu'il doit changer et que nous devons changer. Il va s'agir de réformes "nécessaires", de "pragmatisme" (alibi contemporain de la simplicité) et surtout d'effort tête baissée. Les plafonds du XXIe siècle sont bas.


mardi 7 avril 2009

Souvenirs de méditerranée

Un vieux sac de sport usagé. A l'intérieur, plusieurs paires de palmes de taille 38 à 43, des masques de diverses générations, dont deux cylindriques en caoutchouc noir et vitre en verre, des tubas bleus identifiés par des bandes de sparadrap blanc, des traces de sable et une odeur de mer. C'était il y a longtemps et loin. Le temps des plongées exploratrices, apnées silencieuses à la recherche de coquillages, poissons colorés, poulpes et coraux délicats.

lundi 6 avril 2009

Un vieux ficus malade

C'est un vieux ficus malade, aux feuilles pâles et desséchées, recroquevillées sur elles-mêmes et prêtes à tomber. Droite comme un I, tuteur à l'appui, dans son pot de terreau, la digne plante attend une âme secourable. Il était bien temps de la déplacer.
John Stuart Greengarden III, Ode à mon ficus, 1762

dimanche 5 avril 2009

Valent-ils la peine de notre considération ?

Face à tels actes ou de gestes que nous contestons, souvent nous arrive-t-il de nous emporter, aveuglé par une colère fixe et vengeresse, aggravée par la déception de ne pas parvenir à leur accorder que la faible attention qu'ils méritent.
Pour autant, la réaction a ses intérêts. L'impassibilité cache souvent un manque de discernement, et l'un comme l'autre conduisent aux mêmes effets : passivité et impunité.
Que soit donc heureux et fier celui qui réagit, car il montre par là sa vertu. La sagesse est un long travail dont lui seul a les clés.