lundi 29 décembre 2008

Les faits sont peu de choses

Précisons tout d'abord tout le bien que l'on pense de ce film de Sean Penn, que l'on y adhère pleinement malgré quelques maladresses photo-animalières et qu'on lui prête la qualité de ces œuvres rares à mêmes de vous inspirer.

Il se trouve que le scénario est issu d'une histoire vraie, qui fit d'abord l'adaptation d'un roman, Voyage au bout de la solitude de John Krakaueur (1996) puis du présent film. Ce détail n'est pas sans importance quand on sait le principal reproché que d'aucuns adressent au film, la fin prétendue "bête","stupide" ou autre du personnage principal.

On ne saurait mieux montrer par telles déclarations combien le sens de ce film en particulier et de toute histoire en général font souvent l'objet d'une incompréhension de principe des plus regrettables.

Reprocher au film son dénouement, c'est d'une part réduire l'enivrement d'une épopée initiatique au désagrément du destin, mais surtout passer à côté de ce qu'un récit ne se réduit pas à ses faits, que ceux-ci ont un sens ou une fatalité pour lesquels la critique matérialiste est inopérante. Pas plus que Roméo et Juliette, le personnage d'Alexander Supertramp ne disparait pas par "bêtise" ou "manque de bon sens", mais par le jeu de la fatalité, au bout d'une quête spirituelle vaincue par l'absurde.

mercredi 24 décembre 2008

Les mots me manquent

Quelques semaines ébouriffantes, où le temps manque tellement qu'il n'est plus question de feuilleter le moindre roman, et les mots perdent leur fluidité. Je suis amené à rédiger quelques textes de style formel, et me voilà à craindre quelque régression vers une certaine forme d'académisme technique, sans couleur ni attrait. Une langue de diplomate sans imagination, se contentant du minimum et le faisant bien.

On imagine mal à quel point la fréquentation des livres nourrit son langage, et par la même la richesse et la beauté de ses idées. Alors que j'effleurais seulement cette aisance chérie de longue date, voilà que je m'en éloigne à nouveau. Courage et persévérance !


mardi 16 décembre 2008

Un homme très recherché, John Le Carré

On oublie souvent que l'espion qui venait du froid, l'œuvre qui a rendu célèbre l'ancien espion à 32 ans, date de 1963. Pas étonnant dès lors que l'on ressente les imperceptibles traces d'une sagesse vivifiante au fil des pages de ce nouveau roman, Un homme très recherché.

L'espionnage comme une affaire d'élégance, d'histoire, de mémoires et de luttes, c'est ce qui nous est proposé ici en suivant le combat d'Annabel Richter pour la défense des droits d'un immmigré clandestin tchétchène, Issa le tragique.

On aimerait en dire plus mais silence, car ces mots là méritent qu'on les lisent sans idée préalable, au grand air, en liberté.

lundi 1 décembre 2008

Les phalanges écarlates

C'était un matinée d'octobre de brouillard, de fumerolles, de terre gelée et ça et là de parcelles d'herbe pâle couverte de rosée. On se réchauffait comme l'on pouvait, en attendant que le café soit prêt. Les plus chanceux portaient moufles grises et écharpe de fortune, d'aucuns fumaient la pipe mais la plupart n'avaient rien, si ce n'est un vieux casque de métal froid garni de papier journal.

Le soleil perçait depuis quelques minutes quand ils apparurent au loin. Alors tous comprirent que le moment était venu et que nul ne pourrait y échapper. Le café prit un goût de fatalité que bien des années plus tard, il m'est toujours impossible d'oublier.