mardi 14 avril 2009

Politique et complexité

Plusieurs idées en vrac à propos de la complexité en politique:

- Le monde est devenu plus complexe, plus visible mais moins lisible. Aux conditions de classes des siècles précédents (ouvriers et agriculteurs d'un côté, bourgeoisie et aristocratie de l'autre) s'est substitué une société multiforme, disparate, où le sentiment d'appartenance s'est amenuisé et a dû faire face au rapprochement médiatique des pays en développements. La revendication sociale ne va plus de soi, minée par une amélioration objective des conditions de vie (bien que les inégalités objectives se soient accentuées), un délitement social et la pression symbolique des travailleurs pauvres d'Asie et du Sud.

- Le monde ne fait plus rêver. Les grands idéaux du XXe siècle ont cédé la place à une situation préoccupante, qui appelle à la responsabilité des hommes face à diverses menaces globales (conjoncturelles comme l'économie, structurelles comme le réchauffement climatique). Face à ces risques, le monde s'est structuré en un marché, un opposition de puissances ou le pays étranger est moins un colocataire d'un monde qu'un concurrent, qui menace nos emplois, notre souveraineté, notre culture et notre société. Cet imaginaire collectif de l'étranger concurrent est paradoxalement devenu notre premier universel.

- Le rôle du politique s'est donc sérieusement complexifié. Ce qui allait de soi, lutte contre les injustices et espoirs de construire une société meilleure, tient maintenant de la gageure.

- Face à ce constat, deux tendances se sont dégagées : la gauche, paralysée par la nouvelle difficulté de ses orientations, a perdu tout moyen de lutter et rendu copie blanche. La droite, tenante depuis longtemps de la ligne simple, a doublement profité de ce phénomène. D'une part en offrant un discours lisible (car simple) d'une situation pourtant structurellement complexe, ce qui ne peut que rassurer. D'autre part en suivant sa ligne directrice, celle de la simplicité : si le monde change, c'est qu'il doit changer et que nous devons changer. Il va s'agir de réformes "nécessaires", de "pragmatisme" (alibi contemporain de la simplicité) et surtout d'effort tête baissée. Les plafonds du XXIe siècle sont bas.


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