samedi 13 octobre 2007

Good canary, Zach Helm


Le théâtre Comedia propose actuellement une pièce mise en scène par John Malkovich, Good canary. L'auteur, Zach Helm, 32 ans, est peu connu en Europe mais bénéficie du statut de figure montante de la scène américaine. Cela ajouté à la notoriété de M. Malkovich et à la présence d'acteurs imprévisibles ne pouvait que susciter une vive curiosité.

Sans en dévoiler les clés, l'histoire est celle d'un couple d'écrivains que l'on imagine new-yorkais et confrontés aux affres de la notoriété naissante et de ses sombres compagnons : orgueuil et doute, reconnaissance et mépris, rage identitaire, et moi et moi et moi. C'est donc une Cristina Reali nevrosissimantesque que Jacques - Vincent Elbaz, convainquant en ours consolateur en laisse - devra accompagner et protéger avant tout contre elle-même, sous la menace sourde d'un secret que l'on devine dévorant. Cette trame simple, accompagnée d'un texte idoine, laisse peu d'appui aux acteurs mais leur offre l'opportunité de donner corps à leurs personnages. La difficulté se montre peut-être dans leur caractère univoque, leur singulier manque de relief. Même la complexité d'Annie est donnée comme un trait de caractère, comme la timidité ou le romantisme. Or toute complexité est complexité de quelque-chose - si je vous le dit - et c'est ce contenu qui manque. En un mot, on serai tenté de dire que les personnages ne sont pas à la hauteur de la pièce. Les acteurs, et bien les acteurs incarnent très bien leur personnage, peut-on leur reprocher ?

Par ailleurs, impossible d'évoquer cette pièce sans aborder la très bonne mise en scène de John Malkovich. Le décor est constitué de six cubes vidéo mobiles, sur lesquels sont projetés les décors, et de mobilier sur roulettes entrant et sortant de scène avec la légèreté d'une parenthèse. La musique, très présente, se révèle bienvenue lors de scènes comme celle de la soirée, probablement le point fort de la pièce. Pour le coup, son onirisme doit tout à la mise en scène (peut-être aussi au constraste avec le décor kitch du théatre Comedia). Sur la fin, son intérêt est moins flagrant, on se dit que le petit Yann Tiersen de la 5ème avenue en rajoute un peu et qu'un peu de Cansei de ser sexy ne lui ferait pas de mal.

Une fois le rideau tombé, difficile de ne pas être partagé entre ces quelques scènes de théâtre contemporain d'excellente facture - la soirée, les téléphones, le théâtre muet - et un texte décevant qui donne peu leur chance aux personnages.

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