mardi 2 septembre 2008

Gomorra, Matteo Garrone


Le roman homonyme avait valu de sérieuses menaces à son auteur, Roberto Saviano, ouvertement menacé de mort par la Camora. Avec cette brillante adaptation cinématographique de Matteo Garrone, nous voilà donc plongés en pleine Campanie italienne, spectateurs témoins de ces luttes de clans dictées par le règlement de compte permanent.

Le cadre, tout d'abord, est impressionnant. Deux immenses barres d'immeubles décharnées, tels d'antiques paquebots en ruines échoués parmi les champs et la poussière. A l'intérieur, la vie fourmille, pauvre et digne comme le veut l'image. Un homme mûr, Don Ciro, circule d'appartement en appartement, distribuant aux personnes de sa liste un nombre précis de billets. Mais les temps sont dûrs, on parle même de sécessionnistes de plus en plus nombreux et organisés, personnes n'est plus à l'abris. Le jeune Toto, lui, n'a pas 14 ans qu'il rêve déjà de rejoindre l'organisation; son meilleur amis rejoint les sécessionnistes. Plus loin, deux jeunes se croient plus malin que tout le monde et jouent avec le diable. Un tailleur responsable d'un atelier de haute couture se risque lui aussi à mettre sa vie en péril, tant par besoin que par défi. Enfin, une entreprise offre un bon prix à qui saura la débarrasser de ses déchets toxiques. Les carrières napolitaines ne sont pas loin.

A travers ces morceaux de vie croisée, ce sont autant de facettes qui confirment la violence et la haine d'une société rongée par le crime organisé, sans jamais par ailleurs tomber dans la complaisance à laquelle ce type de sujet nous avait habituée. Loin de la violence apologétique des Scarface et autres Parrains, la pauvreté, l'oppression et la peur teintent chacune de ces histoires entremêlées et nous révèlent un peu plus la mécanique rouillée et inquiétante de la pieuvre.



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