lundi 22 juin 2009

Le verdict du plomb

C'est baigné du souvenir plaisant de la défense Lincoln de Michael Connely, roman qui m'occupa un temps durant l'été 2007 et m'enthousiasma bien plus qu'espéré, que j'entrepris il y a quelques semaines la lecture de son inattendue suite, le verdict de plomb, parue très récemment.

Avant d'aborder le récit, une petite explication s'impose. Si la défense Lincoln m'avait tant plu, c'est parce qu'en dépit de sa remarquable absence d'écriture, ce policier à la conception adroite m'avait fait redécouvrir une joie longtemps oubliée, la jubilation de la lecture. Jubilation à être saisi par une intrigue, à dévorer les pages, à ne plus voir le temps passer et à ne seulement regretter que cette histoire ait une fin. Voilà ce que représentait La défense Lincoln. Non le roman d'un style, d'une écriture, d'un talent ou d'une somme d'idées, mais un roman pur et imparfait pleinement dévoué à la cause du plaisir de lire.

Peut être faut-il voir dans ces souvenirs heureux une raison à ma déception. Après 250 pages, le verdict du plomb pèse au dessus de ce livre au titre prémonitoire. L'intrigue peine à démarrer, les personnages manquent de relief, le narrateur se révèle des plus antipatiques et l'écriture jusque là transparente de M. Connelly se met à devenir trouble. Début du chapitre 30 : "Lorsqu'enfin je fus seul dans le bureau, j'enclenchais le processus comme je le fais toujours : avec des feuilles vierges et des crayons pointus".
hez Harlan Coben, on eu put y voir quelque ironie cohennienne (Adrien Deume n'est pas loin). M. Connelly, pour sa part, affecte tout au long de son roman le sérieux consternant de son personnage à qui on ne la fait pas mais dont la condescendance paternaliste (à l'encontre d'un personnage ancien toxico) ou la violence toute libérale ("j'avais décidé de supprimer l'obstacle plutôt que de devoir constamment en faire le tour", affirme-t-il à propos de sa décision de renvoyer une secrétaire trop bouleversée par la mort de son patron pour travailler sans éclater régulièrement en sanglots) dont il fait preuve tout au long du livre finissent par anéantir tout espoir d'une lecture légère et agréable.

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