samedi 20 juin 2009

La défaite du spectateur

A bien y penser, la défaite du sportif présente bien quelques consolations, sinon des exutoires : l'engagement rageur en toute fin d'un match que l'on sait perdu; le souvenir des efforts consentis, certes non récompensés mais qui inscrivent la défaite dans une démarche active, construite et formatrice.

En cela, elle se distingue de la défaite du spectateur, d'autant plus cruelle que ce dernier, pas plus qu'il n'aurait mérité une victoire de l'équipe qu'il soutient, ne mérite en rien la soudaineté triste et inattendue d'une défaite pour laquelle il n'est que bien peu responsable.

La fatalité du score, accentuée par une dramaturgie de renversement émotionnel - un coup de sifflet marque le passage de l'espoir à la désillusion - s'accompagne par ailleurs d'un double sentiment d'impuissance devant l'évènement et d'une injustice sourde. En effet, quand bien même l'équipe supportée se serait montrée moins digne de la victoire que son adversaire, ce qui n'est pas garant de victoire, le supporteur, lui, intervient autant dans la partie qu'un joueur de dés doté de bras pour applaudir et de cordes vocales pour chanter.

Quand on sait par ailleurs le rôle identitaire qu'il projette dans son action supportrice, confirmée ou non par des attaches régionales, le spectateur est bien autant à pleindre que l'équipe qu'il supporte, assumant une défaite certes plus distance mais tout aussi profonde.

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