mercredi 16 avril 2008

Un monde sans rois

S'il fallait un exemple des ces lacunes occidentales si contemporaines, cette incapacité à faire naitre des hommes ou femmes d'exceptions en est des plus flagrants. Nous conservons tous du siècle précédents la mémoire d'illustres écrivains, artistes, politiques ou savants dont la simple présence assurait à l'humanité ses honneurs et sa fierté.

Quelques années plus tard, le modèle de l'Homme responsable a fait long feu. Place à l'entrepreneur, à la performance (de quoi, peu importe) et aux réformes (de quoi et dans quel sens, peu importe à nouveau). La faillite du modèle intellectuel fait peine à voir quand on songe à ce qui fit jadis la gloire des civilisation antiques, égyptiennes, babyloniennes ou grecques, à ces Lumières dont on a bien vite fait d'assombrir l'héritage.

En dépit de l'explosion médiatique et de la démocratisation réelle des accès au savoir et à la connaissance, tout se passe comme si la primauté accordé au principe de liberté individuelle, accompagnée d'une valorisation à outrance de l'argent et des biens, n'avait pour autre conséquence que la création de générations d'enfants nombrilistes, gâtés et assistés.

La classe politique française n'est pas la seule à souffrir de cette déchéance. Nos média font peine à voir, les espaces d'exposition offrent une sur-représentation ahurissante d'individus au mieux quelconques, dont la seule distinction repose sur la célébrité ou l'argent, devenues valeurs en soi. Lorsqu' une star de football s'exprime, le respect accordé par ses interlocuteurs semble dû bien plus à son salaire annuel de 16 millions d'euros qu'à ses aptitudes à courir ballon aux pieds. Voilà le véritable modèle contemporain, envié moins pour ce que représente l'excellence que pour ce qu'elle rapporte, fut-ce symboliquement.

Dans ces conditions, inutile de s'étonner de l'accession aux pouvoirs de cancres parvenus. Ils ne sont rien, si ce n'est les fruits pourris de leur époque, et marqueront l'histoire de leur bêtise et de leur vanité.




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