dimanche 23 décembre 2007

Les limites de la prise de notes

Connaissez-vous ce médiatique philosophe "de gauche" aux idées de droite, reconnaissable à ses prises de notes en toutes circonstances ? Samedi 22 décembre, réveil fatal sur France Culture et voilà notre besogneux hystrion emporté comme il se doit dans une diatribe qui se révèlera des plus étonnantes : "Il peut y avoir un réveil un peu difficile, c'est à dire, on a voté pour le discours de Gaino (sic), on a aujourd'hui le rire sanctifié de Bigard. On a voté pour la République et on assiste malgré tout à quelque-chose qui s'apparente à la grimaldisation de la République, et je me demande si Sarkozy n'est pas le premier président de la société post-culturelle, et là je ne pense pas que 68 peut s'exhonérer de toute responsabilité, parce que le sur-moi culturel, 68 a voulu le jeter aux horties mais le résultat c'est qu'on peut s'afficher tranquillement à Eurodisney sans complexe. C'est intéressant parce que avant, quand la culture jouait le rôle d'un sur-moi, on s'inclinait, de manière un peu hypocrite(re-sic) mais on s'inclinait. Maintenant Sarkozy dit je n'en ai plus rien à faire la star ac et Eurodisney c'est mon univers, je n'ai pas à me justifier parce qu'en effet nous sommes entrés dans une socité post-culturelle". Daniel Cohn Bendit : "Donc si j'ai bien compris, 68 est reponsable de Sarkozy" Réponse : "68 n'est pas responsable de Sarkozy, mais 68 a joué un rôle dans la déconstruction de la culture ..." puis changement de sujet.

Passé le rire - une critique de M. Sarkozy dans Répliques, qui l'eut cru ? - on ne peut que penser à un sketch tant l'obstination du philosophe à buter sur ses limites - mai 68, plus souvent la judéité - en lieu et place d'une analyse socio-historique le confine systématiquement à heurter vitres et miroirs, même les plus opaques. En l'occurence, attribuer à un évènement passé depuis quarante ans la personnalité d'un homme - aussi ridicule soit-il - qui se trouve avoir bâti sa vie/carrière contre tout ce que mai 68 a pu représenter a de quoi léger songeur. Refuser à ce point de voir en mai 68 un simple évènement, symptomatique d'un décrochage entre la société et ses institutions, apparu bien avant 1968 et devenu au fils des ans intolérable au point d'aboutir à cette cassure de l'histoire, refuser de comprendre ces revendications comme relatives à la société de 1967 et non à celle 2007 - et encore moins comme absolues, refuser de voir que l'on trouve M. Sarkozy inculte et vulgaire en 2007 pour la même raison que l'on trouvait le Général de Gaulle guindé en 1967, à savoir parce que c'est vrai, parce que les sociétés évoluent dans un sens ou un autre en se corrigeant, c'est pour un philosophe faire preuve de bien peu de clairvoyance.

Mais voilà, M. Finkielkraut invite Daniel Cohn Bendit - en quoi un simple acteur d'un évènement social serait-il légitime pour en analyser causes et ressorts, nous ne le saurons pas - et M. Gaino, critique les slogans d'étudiants comme des textes de philosophie et butte une fois de plus sur la grande vitre qu'il s'est construite lui-même, la tête dans ses notes, le stylo à la main.


2 commentaires:

Loïc a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Loïc a dit…

bravo, jolie plume.