lundi 17 mars 2008

Je hais mon métier (ou le renversement animalier de la bêtise) !

Je me souviens encore de l'an 2000 et de cette rencontre tant attendue avec l"Entreprise" ! En ces temps là, on affrontait l'ennemi vaillamment, quelques ouvrages de sociologie en poche, Proust, Hugo, Stendhal à portée de main, autant de totems et grigris contre la froide inanité de ces aveugles mondes.

Au fil des ans, l'habitude se serait-elle installée ? Quelque conversation de machine à café sur le dernier Jeunet par ci, madame Nothomb par là, et le cours de la bourse, et le temps qu'il fera et la télévision ... Chronique d'un vide autogène, stupéfiante non-culture partagée plus de huit heures par jour, subie pour certains (ouf!) et pour quelques autres si peu consciente d'elle-même comme peut l'être parfois la pleine et superbe sottise du cadre supérieur.

Car voilà, le temps passe et ne revient pas. Des espoirs d'une vie tissée de lectures et de savoirs, faut-il à ces tristes rites se résigner ? De jeunes sots font leur apparition, ils ont tout vu, surtout Taxi 4 - "le meilleur", mais ils sont chez eux, peut-on leur reprocher ? La bourse ? l'action est à 37 euros aujourd'hui. Et voilà que ces petits bonshommes et femmes à qui jadis vous accordiez votre mansuétude, heureux et fier d'être et de leur pardonner, voilà ces fourmis grises qui vous piquent et vous démangent et vous mordent, toujours plus nombreuses, et vous dévorent et vous n'être plus rien, ne serait-ce le squelette de vous même, un livre à la main, votre vie derrière vous.


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