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lundi 29 décembre 2008

Les faits sont peu de choses

Précisons tout d'abord tout le bien que l'on pense de ce film de Sean Penn, que l'on y adhère pleinement malgré quelques maladresses photo-animalières et qu'on lui prête la qualité de ces œuvres rares à mêmes de vous inspirer.

Il se trouve que le scénario est issu d'une histoire vraie, qui fit d'abord l'adaptation d'un roman, Voyage au bout de la solitude de John Krakaueur (1996) puis du présent film. Ce détail n'est pas sans importance quand on sait le principal reproché que d'aucuns adressent au film, la fin prétendue "bête","stupide" ou autre du personnage principal.

On ne saurait mieux montrer par telles déclarations combien le sens de ce film en particulier et de toute histoire en général font souvent l'objet d'une incompréhension de principe des plus regrettables.

Reprocher au film son dénouement, c'est d'une part réduire l'enivrement d'une épopée initiatique au désagrément du destin, mais surtout passer à côté de ce qu'un récit ne se réduit pas à ses faits, que ceux-ci ont un sens ou une fatalité pour lesquels la critique matérialiste est inopérante. Pas plus que Roméo et Juliette, le personnage d'Alexander Supertramp ne disparait pas par "bêtise" ou "manque de bon sens", mais par le jeu de la fatalité, au bout d'une quête spirituelle vaincue par l'absurde.

samedi 15 novembre 2008

Changeling, Clint Eastwood

Il arrive parfois que l'on éprouve comme une envie de classissisme, comme ce fut le cas en cette douce soirée automnale. La sortie conjointe d'un film de Clint Eastwood représente alors une aubaine bienvenue dont on aurait tord de se priver.

Changeling, présenté en France sous le titre L'échange, raconte l'histoire vraie de Christine Collins, une mère confrontée à la disparition de son fils dans le Los Angeles des années 1920 (1928 pour être précis). Inutile d'en dire plus, ce film gagne à être découvert au fil de la projection telle une surprise de saison. Evitez donc les bavards, d'autant que le scénario s'y prête bien plus que les deux précédents films du réalisateur, le fascinant dyptique d'Iwo Jima.

Passées les scènes d'introduction, les idées se font plus précises sur la teneur et la qualité de ce long métrage. Une photo impeccable, de toute évidence quelques facilités de mise en scène et d'éclairage (on se souviendra de la clarté des yeux d'Angelina Jolie), mais tout de même une certaine tenue très américaine et fort apréciable.

A mesure que l'on rentre dans le film, il se passe quelque-chose de surprenant : alors que l'on ne peut s'empêcher de noter ça et là quelques imperfections de tous ordres (toujours quelques plans proches - osons le dire - du cliché, un rythme de récit parfois un peu maladroit, des personnages un peu trop lisses, etc.), le film se met en fin de compte à fonctionner. On se (sur)prend au jeu, éprouvant tour à tour angoisse, colère, espoir, révolte, et surtout la satisfaction de passer un bon moment de cinéma, certes imparfait, mais tout à fait plaisant. Le film finit par dépasser ses lacunes, laissant le sentiment curieux de cahotements heureux sous une image de velours. Un semi-ratage et une belle réussite à la fois.




lundi 22 septembre 2008

Le Cuirassé Potemkine, S.M. Eisenstein

On trouve bien des raisons à reporter à plus tard la découverte de ce film si monumentalement présenté comme monument du patrimoine cinématographique : il s'agit d'un film ancien (1925) et osons même le dire, en noir et blanc ; sur un sujet qui ne fait plus guère rêver maintenant que l'on connait le dénouement de ces révolutions russes ; un film qui paie par ailleurs le prix de sa notoriété et de son statut, par une certaine réticence naturelle, comme celle qu'un lycéen prêterait à un roman classique imposé.

Offrons donc ici quelques sources de motivation au cinéphile dubitatif. Commençons par des arguments de concessionnaire : les performances. 72 minutes seulement ! Oui, 72 minutes vous suffiront pour enfin découvrir non seulement ce qui se cache derrière cet intriguant navire, mais également pouvoir évoque la "célèbre" scène du landau sur les escaliers d'Odessa, enrichir par là même votre connaissance de la géographie côtière ukrainienne, attribuer un film à Serguei Mikhailovitch Eisenstein (allez, je vous en offre un deuxième en prime, Alexandre Nevski), apprendre que les initiales S.M. devant Eisenstein ne font aucunement référence à des pratiques sexuelles ou à quelque titre de noblesse, etc.

Si tout cela ne vous a pas déjà convaincu, ajoutons cet ineffable mystère de l'histoire, qui vous fera contempler ces visages d'hommes et de femmes d'il y a presque un siècle, vivants, si vivants malgré les vertiges des ans et ce noir et blanc si vite oublié.



samedi 6 septembre 2008

Be Happy, Mike Leigh

Voilà un film qui a contre lui bien des arguments. A commencer par Mike Leigh lui-même. Comment ne pas trouver suspect cet incroyable retournement de point de vue d'un des réalisateurs les plus pessimistes qui soit. Que ce soit avec Secrets et Mensonges, All or Nothing ou plus récemment Vera Drake, on s'était habitué à ces témoignages de désespoir social, de face à face avec une réalité sombre que Mike Leigh se chargeait de nous remémorer.
Be Happy nous est annoncé comme une comédie sociale pétillante, mettant en scène un personnage maladivement optimiste (Sally Hawkins) et bien décidé à transmettre sa bonne humeur à la terre entière.

L'expérience du film passée, que reste-il de ces a priori ? Avant tout le soulagement d'avoir échappé à un nouveau feel good movie et aux décors et émotions de carton pâte qui vont avec. Certes, il s'agit d'une comédie, mais l'orientation émotionnelle du film est plus nuancée. Poppy, malgré ses efforts, échoue à plus d'un titre dans sa mission de soeur sourire. Quelques scènes laissent la place à la tension et l'émotion et on est presque surpris de retourver là le Mike Leigh que l'on a toujours connu.

L'ensemble du film le plus cockney de l'année laisse une impression certes inégale, mais entre les quelques maladresses et de vraies scènes de cinéma qui touchent juste, tant dans le registre de la comédie (un cours de flamenco inoubliable) que du drame ("you know..."), on ne peut que souscrire à l'optimisme de Poppy et accorder à Be Happy la sympathie qu'il mérite.



mardi 2 septembre 2008

Gomorra, Matteo Garrone


Le roman homonyme avait valu de sérieuses menaces à son auteur, Roberto Saviano, ouvertement menacé de mort par la Camora. Avec cette brillante adaptation cinématographique de Matteo Garrone, nous voilà donc plongés en pleine Campanie italienne, spectateurs témoins de ces luttes de clans dictées par le règlement de compte permanent.

Le cadre, tout d'abord, est impressionnant. Deux immenses barres d'immeubles décharnées, tels d'antiques paquebots en ruines échoués parmi les champs et la poussière. A l'intérieur, la vie fourmille, pauvre et digne comme le veut l'image. Un homme mûr, Don Ciro, circule d'appartement en appartement, distribuant aux personnes de sa liste un nombre précis de billets. Mais les temps sont dûrs, on parle même de sécessionnistes de plus en plus nombreux et organisés, personnes n'est plus à l'abris. Le jeune Toto, lui, n'a pas 14 ans qu'il rêve déjà de rejoindre l'organisation; son meilleur amis rejoint les sécessionnistes. Plus loin, deux jeunes se croient plus malin que tout le monde et jouent avec le diable. Un tailleur responsable d'un atelier de haute couture se risque lui aussi à mettre sa vie en péril, tant par besoin que par défi. Enfin, une entreprise offre un bon prix à qui saura la débarrasser de ses déchets toxiques. Les carrières napolitaines ne sont pas loin.

A travers ces morceaux de vie croisée, ce sont autant de facettes qui confirment la violence et la haine d'une société rongée par le crime organisé, sans jamais par ailleurs tomber dans la complaisance à laquelle ce type de sujet nous avait habituée. Loin de la violence apologétique des Scarface et autres Parrains, la pauvreté, l'oppression et la peur teintent chacune de ces histoires entremêlées et nous révèlent un peu plus la mécanique rouillée et inquiétante de la pieuvre.



lundi 1 septembre 2008

Le silence de Lorna, Jean-Pierre et Luc Dardenne


Le dernier film de la famille Dardenne, qui aurait pu valoir une troisième palme d'or cannoise à ces inséparables frères, doit beaucoup à son actrice principale, Arta Dobroshi. Une fois de plus, il est ici question de misère sociale. Une jeune femme, en partie manipulée par un sordide organisateur de mariages blancs, envisage de se débarrasser de son mari toxicomane, en mettant en scène une overdose. Il faut se presser, un client russe étant déjà promis à la future veuve.

Le scénario en place, tout se passe comme si les acteurs donnaient vie à leurs personnages et les laissaient réagir à cette mise en situation périlleuse. C'est alors un remarquable travail de précision et d'empathie qui nous est offert. Fabrizio Rongione est glaçant dans son interprétation du salopard faussement sympathique (Fabio). Jérémie Rénier, comme toujours, s'avère particulièrement convaincant et donne à Claudy toute sa fragilité, sa misère et malgré tout cet espoir ténu d'en voir un jour le bout. Que dire enfin d'Arta Dobroshi, inconnue il y a tout juste quelques mois, révélée au grand jour dans ce rôle taillé sur mesure ? Elle incarne ici à merveille cette femme marquée par la misère mais qui, comme Claudy, garde espoir. Mais celui-ci est noir, glacé par ces sales compromissions qu'il faut bien accepter pour pouvoir s'en sortir, c'est du moins ce que tentera de lui expliquer Fabio. Une fable moderne venue du Nord, pour ne pas oublier ce qu'est la vie et ce qu'est le cinéma.


vendredi 4 avril 2008

L'heure d'été, Olivier Assayas


S'il fallait le décrire en quelques mots, le dernier film d'Olivier Assayas, L'heure d'été, pourrait être abordé comme une étude à la fois plus et moins légère qu'il n'y parait sur la transmission et l'héritage.

Plus légère, car bien que centré sur une disparition, le récit se tient à distance mesurée du deuil et de ses douleurs. Là n'est pas le sujet du film, et bien que la cohérence narrative impose que le sujet soit effleuré, Olivier Assayas s'en tient au nécessaire.

Le spectateur se trouve donc en curieuse situation d'être confronté à la disparition d'un personnage central du récit sans pour autant en ressentir le bouleversement que ce genre de situation amène habituellement. Le choix porté sur une famille de grands bourgeois, hantée par l'héritage artistique de ce grand-oncle peintre, fierté et fardeau de ces quadra-cadres expatriés, ce choix - disais-je - n'est pas anodin. La mise en abime est légère, faites de petites touches colorées comme ce vase au destin improbable, et petit à petit l'auteur déroule les trames entremêlées du temps, de ce qu'il en reste et de ce qu'il en restera. Que l'éternité de l'art semble parfois bien vaine, mais quoi de mieux que l'art pour nous en persuader ?


dimanche 9 décembre 2007

We own the night, James Gray


Heureuse nouvelle, il est encore possible d'être surpris par un film policier en 2007. Nous le devons à un réalisateur qui sait prendre son temps. Little Odessa en 1995, The Yards en 2000 et maintenant We own the night, l'oeuvre de James Gray pourrait souffrir de la facilité qu'elle procure aux critiques de l'assimiler et de se démarquer, d'autant que les sujets traités - le crime, la mafia - ouvrent ses films à un public large et qu'il devient d'autant plus impérieux - semble-t-il - de se distinguer.

Cette nuit nous appartient mérite largement de dépasser cette aversion bienvenue pour les "j'avais préféré son premier film" et autres "j'adore James Gray" de service. Il s'agit tout simplement d'un des meilleurs films de cette année, d'autant plus appréciable qu'inattendu.

Dans le New York des années 80, Bobby Joaquin Phoenix Green est le roi de la nuit. Adoubé par son patron russe, il gère la boite de nuit la plus côtée de Brooklyn, sort avec la fille la plus côtée de Brooklyn (Eva Mendes), a la gueule la plus côtée de Brooklyn. Derrière cette réussite se cache le secret d'une famille de policiers, consacrée par un père devenu légende et par un frère en pleine ascension.

Sur une trame des plus classiques, shakespirienne a-t-on pu lire, James Gray va nous offrir quelques scènes d'une intensité rarement égalée : une visite de laboratoire clandestin de cocaïne étouffante au possible, une poursuite en voiture sous une pluie torrentielle, plusieurs scènes de nuit mémorables, le tout admirablement servi par des acteurs irréprochables, de l'épatant Joaquin Phoenix jusqu'aux seconds rôles. La relation père-fils (namedropping du jour : Robert Duvall, par ailleurs excellent) de la famille Grunsinsky fonctionne tout autant, et que dire d'Eva Mendes, habituée aux willsmitheries en tout genre et qui se retrouve là magnifiée par un rôle qui lui colle à la peau comme une robe moulante satinée.

Deux heures de cinéma brut.

lundi 8 octobre 2007

4 mois, 3 semaines, 2 jours, Christian Mungiu


Il y a 4 mois, 3 semaines et 2 jours (à peu près), ce film roumain de l'inconnu Christian Mungiu recevait la palme d'or du festival de Cannes 2007.
Un sujet difficile - l'avortement d'une étudiante dans la Roumanie de Ceaucescu, une sortie différée à l'automne et donc privée de l'élan de la récompense canoise, il n'en aura pas fallut plus pour voir ce film privé de l'exposition qu'il mérite et confiné à seulement quelques salles dans la capitale. Un traitement d'autant plus curieux que le film est à bien des égards remarquable, tant par sa forme admirable maîtrisée - peut-être trop pour certains ? - que par son contenu humain.
D'une justesse touchante, 4 mois, 3 semaines et 2 jours doit à une actrice - Anamaria Marinca, définitivement à suivre - sa grace fragile et débrouillarde, magnifiée par une photo et une mise en scène royales. Depuis ces scènes de vie quotidienne à l'internat de l'université polytechnique jusqu'à l'épilogue en marge d'un banquet de noces qui appartient déjà au passé, en passant par un plan séquence épique sur un repas familial, ce sont d'absolus moments de vie et de cinema qui nous sont offerts. Un film à ne pas manquer.

lundi 28 mai 2007

Les chansons d'amour, Christophe Honoré


Les Chansons d'amour, dernier film de Christophe Honoré, ne manquent ni qualités ni de défauts. Se situant incontestablement dans la catégorie des bons films - une simple pensée au cinéma d'un Besson suffit pour s'en convaincre, on ne peut que rester partagé entre la justesse du trio amoureux et la relative faiblesse de l'épilogue.

La qualité du film doit beaucoup à une certaine volonté d'élever le débat. La relation entre les personnages de Louis Garrel, toujours impeccable en dilettante tête en l'air, Ludivine Sagnier dont on n'attendait pas tant et la surprenant Chlotilde Hesme fonctionne à merveille. Les scènes chantées s'insèrent tout naturellement dans le récit et instillent une certaine candeur à l'ensemble.

Devant ces beaux moments de cinéma, on serait donc tenté de pardonner ces efforts maladroits d'affichage "auteur", eux-aussi imputables à cette volonté d'élever le débat et surtout de le montrer : générique d'emblée assez poseur, références surlignées comme ces personnages lecteurs de permier ordre, et plus généralement une certaine complaisance à montrer un milieu parisien cultivé/cool mais typiquement du point de vue de l'aspirant.

Ce qui déplait le plus fortement dans ces chansons d'amour est très clairement de l'ordre du subjectif. En délaissant son passé pour une relation consolatrice avec le personnage monolithique de Grégoire Le Prince-Ringuet, Ismaël/Louis Garrel saborde le film comme un vulgaire pirate des caraïbes. Non seulement on y croit très peu, la faute à un personnage au fond du creux, mais cela introduit du coup quelque-chose de l'ordre de l'obscène, en particulier dans cette scène de chambre chantée hautement artificielle. Ce sentiment de fabriqué rejoint ce que l'on peut ressentir devant les films de Michael Moore, à la volonté certes louable mais aux manières ni subtiles ni recommandables.

Dans un inattendu effet de mise en abîme, jamais Ludivine Sagnier n'aura autant manqué au spectateur que dans cette fin forcée. On se rappelle alors combien la vie était belle et Chlotile Hesme est toujours là, vaillante, pour nous réconforter.

samedi 19 mai 2007

We feed the world, Erwin Wagenhofer


Si certains documentaires sont intéressants, We Feed The World est plutôt de l'ordre de la nécessité, de ces films dont on ne ressort pas indemne.

Erwin Wagenhofer nous transporte dans les champs de blé autrichiens, sur un bateau de pêche à Concarneau, dans les gigantesques serres à tomates d'Almeria en Andalousie, auprès de cultivateurs roumains d'aubergines dites hybrides, au Brésil (photo ci-contre) où la production de soja empiète chaque jour sur la forêt vierge et n'empêche pas misère et malnutrition, pour finir dans une véritable usine à volailles à faire cauchermarder les poules de Chicken Run.

Chaque lieu apporte son éclairage sur les absurdités du monde agro-alimentaire contemporain, appuyé par les commentaires pertinents de Jean Ziegler, rapporteur spécial aux Nations Unies sur le droit alimentaire. On apprend que les infrastructures ultra-modernes d'Almeria, soutenues par des subventions européennes et favorisées par un coût de transport marginal, écrasent la concurrence des pays émergents jusque dans leurs frontières; ou encore que la déforestation brésilienne ne sert qu'a nourrir le bétail et la volaille des pays occidentaux.

Les acteurs de cette mécanique mondiale, si l'on excepte le président de Nestlé pour lequel le doute est permis, ne sont pas d'abominables monstres profitophages. Ils exercent leur métier, conscients de cette déshumanitation et peu à peu gagnés par le cynisme. Ce sont d'ailleurs les premiers à le reconnaître : jamais les consommateurs occidentaux n'ont été autant désinformés de ce qui se passe de la production de biens alimentaires jusqu'aux supermarchés. La publicité est là pour leur faire oublier.



samedi 12 mai 2007

Jesus Camp


Jesus Camp est un documentaire de Heidi Ewing and Rachel Grady sur l'endoctrinement des enfants chez les évangélistes américains. Si l'on en croit le film, 25% de la population américaine se déclare évangéliste ou proche de ce mouvement fondamentaliste protestant.

La ligne suivie n'est pas celle d'une enquête exhaustive sur le sujet. Le documentaire suit un petit groupe d'enfants qui se rendent à un camp d'été tenu par Becky Fischer, personnalité pittoresque et terrifiante.

De l'avortement à Harry Potter, rien ne leur est épargné durant ces multiples séances de repentance collective. Comme nous explique fièrement Mme Fischer, les enfants d'aujourd'hui sont extrêmement sensibles aux images et aux sons, les méthodes de propagandes doivent être celles du XXIème siècle : musique grandiloquente pour appuyer la prêche, figurines et jouets pour illustrer chaque propos, interactivité version star ac', etc.

Et le résultat est là. Avec une parfaite assurance, Rachael, Levi et leurs camarades, 12 ans tout au plus, des étoiles dans la tête et une gueule d'ange, nous expliquent à quel point Jesus les habite et combien il est important qu'ils portent sa parole autour d'eux. Glaçant.

lundi 7 mai 2007

Still Life, de Jia Zhang Ke



Still Life est un film chinois qui se savoure lentement, très lentement. Nous sommes en 2006, sur les lieux de construction du barrage des trois gorges, la plus importante installation hydraulique du monde. Des pans entiers de ville ont déjà été immergés. La population, déplacée et relogée tant bien que mal au fil de l'élévation du niveau d'eau, travaille à l'élaboration des nouveaux édifices et à la démolition des anciens.
16 ans après les avoir quittés, San Ming revient sur les lieux à la recherche de sa femme. C'est sa quête que nous suivrons, plongés à notre tour dans le quotidien de ces hommes et femmes entre deux mondes.

En ces temps électoraux, ce beau film à la mélancolie douce offre un fort appéciable moment de repli sur le monde. Profitez-en !