
Il se trouve que le scénario est issu d'une histoire vraie, qui fit d'abord l'adaptation d'un roman, Voyage au bout de la solitude de John Krakaueur (1996) puis du présent film. Ce détail n'est pas sans importance quand on sait le principal reproché que d'aucuns adressent au film, la fin prétendue "bête","stupide" ou autre du personnage principal.
On ne saurait mieux montrer par telles déclarations combien le sens de ce film en particulier et de toute histoire en général font souvent l'objet d'une incompréhension de principe des plus regrettables.
Reprocher au film son dénouement, c'est d'une part réduire l'enivrement d'une épopée initiatique au désagrément du destin, mais surtout passer à côté de ce qu'un récit ne se réduit pas à ses faits, que ceux-ci ont un sens ou une fatalité pour lesquels la critique matérialiste est inopérante. Pas plus que Roméo et Juliette, le personnage d'Alexander Supertramp ne disparait pas par "bêtise" ou "manque de bon sens", mais par le jeu de la fatalité, au bout d'une quête spirituelle vaincue par l'absurde.